Pensée classique
Les penseurs classiques cherchent à créer une société en harmonie avec l'ordre naturel, qui repose sur l'initiative individuelle et la régulation naturelle par le marché.
Quel est le contexte de cette pensée ?
La première révolution industrielle a révolutionné l'économie et la société, sous l'influence du progrès technique. L’usage de la machine à vapeur s'est généralisé et a permis d'accroître considérablement les échanges commerciaux. L'ampleur des flux a contraint les Etats à s'orienter vers une nouvelle façon de régir leur économie. Ils ont ainsi substitué les théories libérales aux conceptions mercantilistes. Il fallait en effet passer d’une économie repliée sur elle-même à un capitalisme libéral, dans lequel toute forme de réglementation des échange serait limité.
Qu’est-ce que la pensée classique ?
La théorie classique est rassemblée autour de concepts centraux. Pour certains, l’école classique se singularise par son concept de surplus (produire d’avantage que nécessaire) ; pour d’autres, c’est le concept de valeur travail qui les uni. Pour mieux comprendre ces divergences de point de vue, il convient d’étudier plus précisément la pensée classique.
La monnaie
Les classiques considèrent que la richesse repose sur les « choses nécessaires à la vie », selon la formule de Smith. La monnaie n’est donc qu’un moyen d’échange, elle est neutre. On ne peut donc pas mesurer la réalité des phénomènes économiques en observant la monnaie : les choses ne sont visibles qu’une fois que le voile de la monnaie a été soulevé. Pour les classiques, il existerait donc une séparation entre la sphère réelle et la sphère monétaire. Jean Bodin montre ainsi que la monnaie ne peut modifier que l’apparence nominale des prix, non la réalité de l’activité économique (théorie quantitative de la monnaie).
Théorie de la valeur travail
Pour que des biens soient échangés, il est nécessaire de se fonder sur un élément commun qui permet de donner une valeur à cet échange, et donc aux biens. Pour y parvenir, les penseurs classiques soulignent que les biens ont deux valeurs :
- Valeur d’échange
- Valeur d’usage
On a longtemps voulu relier ces deux valeurs, et ainsi faire reposer la capacité d’échanger les biens sur leur utilité (valeur d’usage). Mais pour Adam Smith, les types de valeur sont différents car l’eau a par exemple une forte valeur d’usage (elle est très utile), mais une faible valeur d’échange (on l’échange contre quasiment rien). En revanche, le diamant a une forte valeur d’échange, mais une faible valeur d’usage.
Mais tous les biens sont issus d’un travail. Le travail est donc à la base de toute richesse. On considère donc que si le travail a été important pour la conception du bien, celui-ci aura une valeur d’échange élevée ; la valeur d’usage, elle, reste inchangée.
Adam Smith met en avant le rôle de la concurrence dans la fixation des prix. Il prend l’exemple d’un troc entre des draps et du vin. Le marchand peut augmenter le prix des draps pour obtenir un surprofit (prix du drap = coût de production + marge) ; les autres producteurs, le voyant gagner davantage, font faire de même, ce qui va conduire le premier marchand à diminuer ses prix pour attirer les clients. Ce phénomène fait tendre à un retour aux prix naturels.
Réflexion sur la richesse
Les classiques s’opposent aux mercantilistes en considérant que la richesse n’est pas monétaire, mais réelle. C’est donc le travail, qui en produisant des biens, fournit de la richesse. La productivité est donc essentielle ; un travail improductif produira moins de richesses.
Pour accroître la productivité, Adam Smith montre l'importance de la spécialisation : il est préférable de se spécialiser dans un domaine pour améliorer sa productivité. Pour expliquer sa théorie, il prend l’exemple d’un fabricant d’épingle ; s’il la fabrique seul, il mettra beaucoup plus de temps que si ce travail est réparti entre plusieurs ouvriers affectés à une tâche précise. La spécialisation accroît donc la productivité.