Nouveaux économistes libéraux
De nombreuses théories ont complété, voire réfuté, les grandes théories économiques au cours du 20e siècle. En voici les principales.
Les néolibéraux et l’ultralibéralisme
Remise en cause du keynésianisme et de sa politique du court-terme
Les grands changements économiques survenues après les chocs pétroliers des années 1970 ont conduit à une profonde remise en question des des théories keynésiennes, alors largement appliquées. Les politiques de relance destinées à enrayer le chômage par l’accroissement artificiel de la demande ne parviennent plus à atteindre leurs objectifs. Un profond changement de politique économique s’impose alors ; en effet, la cumulation du chômage et de l’inflation ne peut être atténuée par l'application de ces théories. Milton Friedman montre au contraire que les politiques de relance provoquent l'inflation : l’accroissement des dépenses publiques augmente pendant un temps les revenus, ce qui incite les agents économiques à consommer plus, mais les entreprises n’ont pas le temps d’ajuster l’offre à cette nouvelle demande, ce qui accroît le prix des biens. La relance provoque donc bien de l’inflation.
Mais la théorie keynésienne est également critiquée pour le caractère bref des bénéfices résultant de la relance. Les économistes du Public Choice montrent que les politiques relance ont généralement lieu avant des élections politiques, car elles apportent des résultats probants sur le court terme. Cette politique ne serait donc que le reflet d'intérêts politiques, non de politiques économiques viables sur le long terme.
Remise en cause de l'interventionnisme étatique
Les néolibéraux condamnent la régulation du marché par l’Etat. Ils considèrent que l'intervention trop soutenue de l'Etat dans l'économie a provoqué l’apparition de rigidité sur le marché. Ils critiquent donc la mise en place des salaires minimums, qui ne permettent au marché se réguler seul en insérant des rigidités ; c'est la théorie néo-classique selon laquelle les salaires doivent baisser lorsque la demande de travail des entreprises est inférieure à l'offre de travail. L’action des syndicats, qui réclament des salaires minimums à la hausse, constituent donc un obstacle à la politique économique libérale.
Les néolibéraux refusent donc les théories de l’Etat providence, qui crée des entraves sur les marchés, empêchant ainsi la régulation naturelle par des échanges libres. Pour eux, le marché doit fonctionner par des mécanismes de régulation automatique qui résulte de comportements individuels libres. L'instauration d'un système politique libéral est donc essentiel pour assurer le bon fonctionnement de l'économie. La démocratie apporte ainsi la liberté individuelle. Mais certaines politiques étatiques apportent plus de réponses aux valeurs d'égalité que de liberté, ce qui compromet le libéralisme économique.
Les ultralibéraux (qui ont pour chef de file Friedrich Hayek) considèrent que l'application des théories libérales est favorable à toutes les classes sociales sur le long terme. Selon la thèse des inégalités créatrices, le marché crée des inégalités entre ceux qui possèdent et les plus défavorisés ; mais l'imitation des riches par les pauvres, et les améliorations de niveau de vie permises par l'économie de marché, conduisent à accroître la qualité générale de la vie. Au contraire, les politiques sociales briseraient la régulation naturelle des déterminants sociaux par le marché. En effet, comme le montrait Malthus, les mesures sociales aggravent la situation des plus pauvres (la politique d'assistance les conforterait dans leur position).
Les monétaristes
Les monétaristes ont érigé la théorie quantitative de la monnaie au niveau macroéconomique. Ils considèrent en effet que le niveau général des prix résulte de l’accroissement de la masse monétaire. La politique monétaire est donc plus apte à stabiliser le niveau d’activité économique que la politique budgétaire, car la monnaie est considérée comme une fonction stable.
Les monétaristes réfutent la courbe de Philips, qui instaure une relation entre le taux de chômage et la variation des salaires nominaux. Cette courbe justifiait les politiques keynésiennes de « stop and go » qui permettait de réduire le chômage par la relance (l’accroissement des dépenses publiques entraînait l’augmentation des salaires, ce qui augmentait la consommation, la demande, et donc l’offre, ce qui incitait les entreprises à embaucher). Le chef de file du mouvement monétariste, Milton Friedman, explique les erreurs de la courbe par le phénomène d’anticipation des agents économiques. Lorsque la masse monétaire est augmentée par les pouvoirs publics, cette modification se répercute sur les prix et les salaires, ce qui conduit les agents économiques à augmenter leur consommation. Mais ce phénomène est éphémère car les agents vont rapidement se rendre compte de l’illusion monétaire qui les a conduits à consommer davantage. Ainsi, en constatant la hausse, ils corrigent leurs comportements ; c'est l’anticipation adaptative. Les salariés vont du demander une revalorisation de leur salaire, ce qui va augmenter les coûts de production et donc diminuer l’embauche. La création de monnaie s’avère donc inutile car elle n'entraîne finalement que de l’inflation.
Friedman considère néanmoins que la création monétaire peut à court terme avoir un effet favorable sur l’activité économique. Pourtant, elle n’a pas d’effet stimulant à long terme sur la croissance car l’illusion monétaire a disparu. Cette thèse va être réfutée par la Nouvelle Economie Classique.
L’économie de l’offre
Ce courant économique est représenté par Arthur Laffer, qui a cherché à comprendre la situation économique des années 1970. Il a ainsi montré que la faible croissance et l’importance du chômage résultait de la faiblesse des facteurs de production. Cette insuffisance provient elle-même des interventions de l’Etat. En effet, les impôts incitent à ne pas travailler, ce qui réduit l’offre de travail, et limitent in fine l’épargne. Les prestations sociales inciterait également au loisir plus qu'au travail. En conséquence, l’offre de travail diminue car moins d'individus souhaitent travailler, ce qui limite la production de richesses. Pour éviter un tel scénario, il faut diminuer l'imposition et les dépenses publiques, et donc, limiter les interventions de l’Etat.
La nouvelle économie classique
La nouvelle économie classique (NEC), nouvelle macroéconomie, s’inspire des théories néo-classiques. Elle est née sous la plume de Robert Luca, Thomas Sargent et Edward Prescott. Comme les économistes classiques, les économistes de ce courant considèrent que l’interventionnisme étatique est néfaste pour l’activité économique.
L’école montre que les politiques budgétaires et monétaires ne stimulent par la croissance et l’emploi car elles sont neutres par rapport à l’activité économique. En effet, les agents modifient leurs actions en fonction des évolutions socio-économiques et donc des actions menées par l’Etat. Ils optent pour certaines stratégies selon les informations dont ils disposent. Ainsi, lorsque l'on crée de la monnaie, les agents économique savent que cela entraînera une inflation ; créer de la monnaie n’a pas d’intérêt, même à court terme, contrairement à ce que Friedman considérait. C'est le concept des anticipations rationnelles.