Modifications du monde
L’Europe est marquée par une évolution hétérogène. Les Etats connaissent pour la plupart une expansion économique importante, mais tous n’ont pas les mêmes moyens d'y parvenir. Face à eux, les Etats-Unis s’imposent progressivement : c'est le début de l’hégémonie américaine.
Accroissement de la place des Etats-Unis
Il paraissait inconcevable à la fin du XIXe siècle que l’Angleterre puisse perdre sa place de plus grande puissance capitaliste mondiale. La domination anglaise est indéniable : la livre sterling est monnaie internationale, l’Angleterre s’est imposée par le colonialisme un peu partout dans le monde, et elle est prospère. La France était aussi une grande puissance économique, et militaire. Mais deux grandes nations vont progressivement les devancer : l’Allemagne et les Etats-Unis.
Une nouvelle forme de capitalisme apparaît en effet en Etats-Unis ; la croissance y est importante, notamment en raison de la construction des chemins de fer, et de la prospérité de l’agriculture. Mais c’est réellement grâce à la Première Guerre mondiale que les Etats-Unis vont parvenir à devancer l’Angleterre. Les nouveaux modes de productions qui s’imposent progressivement permettent des gains de productivité importants ; mais ce sont aussi les concentrations des grandes entreprises qui vont entrainer des quasi-monopoles et ainsi intensifier la puissance des Etats-Unis dans le monde. Le capitalisme industriel se rapproche alors du capitalisme financier.
Les Etats-Unis vont accroître leurs investissements étrangers, au détriment de l’Angleterre. Les modes de vie sont améliorés, et l’industrie augmente sa productivité. Les efforts de recherche y sont importants, ce qui leur permet de perdurer.
Modification des modes de production
Les années folles sont une période de prospérité économique. Ainsi, après la guerre, la consommation reprend, l’industrie se consolide, et les innovations favorisent l'essor du commerce international, entrainant l’apparition progressive de ce que l’on appellera plus tard la mondialisation. En effet, l’industrialisation se renforçant, la production de masse s'épanouit. Afin de réduire les coûts, différentes méthodes seront employées pour accroître la productivité. Les modes de consommation vont alors consécutivement évoluer.
De grands modèles vont à cette époque s’imposer pour accroître la productivité et réduire les coûts de production.
- Le taylorisme
En 1911, Taylor imagine son Organisation scientifique du travail. Il observe en effet les effets de la flânerie sur les coûts de production des patrons, et considère qu’une meilleure organisation du travail permettrait de limiter ces coûts. Il va ainsi fonder sa théorie sur l’octroi de tâches simples à chaque ouvrier ; les tâches sont désormais standardisées. La division du travail dans l’entreprise, à laquelle l’ouvrier doit se plier, devient la norme dans les usines. Les résultats pratiques de cette organisation du travail sont concluants : la productivité est largement améliorée. Cependant, les ouvriers ne sont jamais sollicités intellectuellement, et ne sont que des instruments de l’entreprise ; ils commencent donc à se révolter en refusant le système de Taylor (grèves chez Renault en 1912 et 1913). Malgré ce refus, le système va s’imposer, puis se renforcer grâce au système fordiste.
- Le fordisme
Henry Ford va s’engager dans le même sens en accroissant la standardisation et la division du travail. Il va d’abord imaginer la construction d’un modèle de produit unique qui serait reproductible facilement, donc peu coûteux, et en grande quantité : c’est ainsi qu’est produite la Ford T. Sa construction repose sur une division accrue du travail, chaque ouvrier étant strictement contrôlé ; ce dernier n’a qu’à faire que quelques mouvements limités car il n’a pas besoin d’aller chercher les pièces qui lui sont apportées par un autre ouvrier spécialisé dans cette tâche. Les ouvriers sont alors très spécialisés, et non qualifiés. Le travail à la chaine est né. Egalement, pour éviter l’absentéisme et les insuffisances de production, Ford va accorder des primes aux ouvriers qui satisfont aux conditions de bonne moralité, de bon travail, etc. : des enquêtes seront effectuées pour le vérifier. Le modèle fordien, dont les résultats sont bons, va s’implanter dans plusieurs pays, dont la France.
Les modifications des modes de production ne s’arrêtent pas là. La consommation de masse faisant son entrée dans les pays occidentaux, les grands magasins apparaissent (Samaritaine). Et afin d’accroitre les profits, les concentrations apparaissent également, permettant ainsi un accroissement important du pouvoir de certaines entreprises.
Modifications sociales
Les conditions de vie s’améliorent considérablement : l’apparition de l’électricité dans les foyers et l'émergence de l’automobile vont bouleverser la vie des ménages. Mais en dépit de ces améliorations, les conditions de travail, elles, sont parfois déplorables. L’apparition du travail à la chaîne rend le travail extrèmement pénible. Pour limiter les difficultés des conditions de travail, des lois vont progressivement encadrer le travail en instaurant des règles relatives à l’hygiène, à la sécurité ou encore aux risques professionnels.
Ces avancées sont le résultats des grèves menées par les ouvriers, regroupés en syndicats. Sous forme d’associations, les syndicats sont alors relativement engagés aux cotés des partis politiques et conduisent des grèves de grande ampleur. Les grèves massives ont permis l'instauration de lois restreignant les droits des patrons. C’est ainsi que la grève du premier mai 1886 à Chicago (au cours de laquelle des ouvriers ont été pendus) a créé la fête du travail dans le monde.
Le droit du travail va alors apparaître sous la pression ouvrière. Les industriels ont aussi compris que la limitation du temps de travail et les conditions décentes de travail ne peuvent qu'ouvrir un nouveau marché. Ainsi, au licenciement naturel vont par exemple se substituer des obligations de reclassement. Les heures de travail sont limitées pour les adultes et les enfants (des âges minimaux sont instaurés), les droits collectifs (droits de grève notamment) sont reconnus. L'ensemble de ces mesures ont permis à la masse ouvrière de devenir la classe moyenne grâce à l’urbanisation.
Les bouleversements en Russie
L’industrialisation de la Russie ne débute réellement qu’à partir des années 1880. La politique économique russe diffère alors de celles des pays occidentaux : la Russie est très protectionniste important. Elle cherche à limiter les importations pour se libérer de toute tutelle étrangère. L’Etat joue donc un rôle prédominant, contrairement à la plupart des autres Etats (même si les Etats-Unis connaîtront par exemple l’expérience du New Deal).
Pourtant, la Russie s'est ouverte au progrès et a su développer son économie. L'essor économique russe a été favorisée par l’expansion démographique, mais aussi par l'émergence des chemins de fer (construction du Transsibérien), et de l’industrie lourde (au détriment de l’agriculture). Le pays cherche alors à attirer les capitaux étrangers ; pour cela, elle veut montrer que son budget est excédentaire, et augmente donc la fiscalité.
Mais la Russie de l'époque est en totale contradiction avec l’ancien régime autocratique. La modernisation de la société est trop soudaine. La Révolution de 1917 qui a renversé le régime tsariste est le signe de cette contradiction.
L'arrivée des communistes au pouvoir va totalement modifier la politique économique russe. Les Soviétiques font disparaître la propriété privée et nationalisent les banques. Mais l'échec de ce changement brutal conduit à l'adoption de la Nouvelle Economie Politique (NEP), qui va effectuer un léger retour au capitalisme (on revient par exemple à la propriété privée), même si l’Etat conserve un rôle important dans l’économie.
L'économie communiste s'est ensuite totalement imposée. Elle a permis au pays de retrouver une place importante dans le monde ; l’Union soviétique deviendra la deuxième puissance industrielle du monde en 1945.