De l'essor à la crise

La « seconde révolution industrielle » a apporté la prospérité à toute une partie du monde. Le Vieux Continent connait une période faste, transportée par l’Angleterre, qui a initié la révolution. Grâce aux nouvelles technologies, les évolutions sont notables : les transports, les outils et les machines ont évolué et l'accroissement spectaculaire des échanges facilitent cet essor économique. Les prémices de la mondialisation ouvrent la voie aux investissements étrangers et aux exportations massives. Malgré cette prospérité, ce monde va connaitre des crises, parfois importantes.

Les années folles

Dès la fin du 19e siècle, le monde connaît une crise importante (années 1882-1884). Les entreprises font alors faillite les unes après les autres, conduisant ainsi à une baisse importante des prix. La France subit une dépression jusqu’en 1886. Aux Etats-Unis, le chômage est très important. Mais de nombreux autres Etats sont touchés par cette crise ; les taux de chômage atteignent 8 à 10% selon les pays. Cependant, l’Allemagne s’est mieux protégée de la crise grâce la politique protectionniste menée par Bismarck.

La Première Guerre mondiale en suite eu de lourdes conséquences sur l'économie : d’importants moyens financiers ont été déployés durant la guerre, l’Etat a dû intervenir dans l’économie, et les femmes ont travaillé massivement dans les usines. Alors que l’Europe est dévastée, les Etats-Unis se retrouvent seuls sur le marché à la fin de la guerre ; ils vont alors renforcer leur ascension économique. Progressivement, les Etats européens se reconstruisent et renouent avec la croissance. Sous l'influence du progrès technique et de l'accroissement de la consommation, les années folles apportent un engouement d’enthousiasme. Cette effervescence se traduit notamment par la spéculation boursière ; tout est considéré comme un bon investissement.

Parallèlement, la Russie connaît d'importants changements. La mise en place du communisme détériore l'économie. Les plus pauvres ne parviennent pas à sortir de leur situation, et de grandes famines déciment une partie de la population. Cela conduit Lénine à adopter la Nouvelle Economie Politique, qui restaure d’anciens droits (hiérarchie des salaires, ouverture du marché aux étrangers).

L’Allemagne a de son côté été très affaiblie par la guerre. Elle est criblée de dettes, et crée de la monnaie pour les rembourser, induisant ainsi une hyperinflation.

Alors que la Première Guerre mondiale avait stabilisé l’économie (économie de guerre), celle-ci s'effondre avec l’armistice. L'effondrement de la production industrielle a alors conduit à une crise économique survenue au Japon en 1920, avant de se propager aux Etats-Unis, à la France, à l’Angleterre et à l’Allemagne. La France a été plus épargnée par la crise car la reconstruction du pays obligeait à maintenir une certaine productivité industrielle. Suite à la conférence de Gênes de 1922, à laquelle les Etats-Unis ne participent pas, des mesures importantes sont prises pour limiter la crise et éviter la survenance d'autres crises. Un système monétaire international est créé : le Gold exchange standard. Cela permet de stabiliser les monnaies, et de relancer la consommation. Mais la crise de 1929 va faire disparaître le système du Gold exchange standard : la convertibilité or est alors abandonnée. Face à cette crise, les Etats ont dû intervenir dans l’activité économique.

Le rôle économique de l’Etat

Toutes les difficultés économiques et monétaires issues de la guerre ont conduit au repli des Etats. Ainsi, la France, l’Angleterre ou les Etats-Unis ont appliqué une politique protectionniste, notamment pour éviter l’expansion du chômage qui sévit dans certains pays. Les droits de douanes sont alors importants, et le libre-échange n'est plus de mise. Avec la crise de 1929, les exportations chutent encore davantage. Les pays se replient et commercent essentiellement avec leurs colonies ; ce sera le cas de la France, dont l’Algérie devient le principal client.

Mais le rôle de l’Etat dans l’économie va devenir très important durant l’entre-deux-guerres. Les efforts consentis par les Etats pendant la guerre (organisation de l’économie pour faire face aux besoins de moyens), et leur implication dans l'économie démontrent l'importance des politiques économiques. Ainsi, ce qui n'était que temporaire deviendra habituel dans les années qui suivront.

Les Etats vont alors d’abord jouer un rôle en période de crise. L’Allemagne a par exemple dû agir lors de sa crise des années 1922-1923 ; l’hyperinflation qui a parfois conduit les Allemands à recourir au troc (puisque le mark n’avait plus aucune valeur, il fallait des tonnes de billets pour payer une baguette) a entraîné l’apparition d’une nouvelle monnaie, le reichsmark. Dans les années 1920, la politique n’est pas encore interventionniste, mais joue le rôle de régulateur de l’économie lorsque celle-ci connait des difficultés.

Lorsque la crise atteint les pays industrialisées dans les années 1930, les Etats tendent à s'immiscer davantage dans l'économie. La crise de 1929, que l’on considérait au départ comme une crise conjoncturelle, oblige en effet les Etats à agir. On commence alors à s'intéresser aux idées de Keynes. Ce dernier considère que l’intervention de l’Etat peut avoir des effets sur l’investissement et sur la consommation, ce qui permet de relancer la demande et donc l’économie. Selon lui, la baisse de l’investissement est responsable de la dépression, il faut donc l’augmenter, et seul l’Etat peut le faire efficacement ; en effet, cela passe par la baisse des taux d’intérêt et par l'augmentation du déficit budgétaire. Plusieurs Etats vont ainsi intervenir afin de relancer l’activité. Les premiers ont les Japonais, qui vont accroître leurs déficits publics, et ainsi largement remonter la pente ; ensuite, d’autres Etats les suivront. En voici les principaux exemples :

New Deal

Mise en œuvre par Roosevelt, ce qui lui assurera une popularité certaine (il sera réélu plusieurs fois), cette politique a introduit l’intervention de l’Etat aux Etats-Unis. Le New Deal s'est constitué de deux périodes.

La première avait pour objet le contrôle de la déflation : on limite alors les heures de travail, on augmente les salaires et on limite la production agricole. Les banques vont être fermées pendant une semaine afin d’éviter la fuite de liquidités par le retrait massif de monnaie. Aussi, on va aider les secteurs de l’industrie et de l’agriculture (Agrical Adjustment Act et le National Recovery sont adoptés). Les résultats de cette politique sont satisfaisants. Le taux de chômage baisse et l’activité reprend ; mais cette reprise sera très brève.

La seconde a pour objet l’amélioration des déterminants sociaux. La Work Progress Administration (WPA) est instaurée en 1933 ; elle permet d’employer des chômeurs pour les travaux d’intérêt général. Le Social Security Act de 1935 va quant à lui mettre en place un système de sécurité sociale (pour les risques liés à la vieillesse et au chômage).

Front populaire

L’interventionnisme de l’Etat français apparaît réellement en 1936, avec l’élection du Front Populaire. De nombreuses mesures vont par la suite être mise en place : lois sur les congés payés, la semaine des 39 heures, la loi sur les conventions collectives (simplifiant l’établissement de celles-ci). La France connait à partir de 1937 une reprise de l’activité, bien que celle-ci soit de courte durée.

Le Reich allemand

L’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933 conduit à l'instauration d'une nouvelle politique économique. D’importantes mesures sont instaurées pour enrayer la crise. Des fonctionnaires sont embauchés pour mettre en œuvre une politique de grands travaux, ce qui fait considérablement chuter le taux de chômage. Mais le pays s’est également beaucoup endetté par cette politique.