Emploi et chômage
Le chômage est une des conséquences de la salarisation de la société ; il apparait comme carastéristique des sociétés industrielles. Ce n’est donc qu’à la fin du 19e siècle qu’on commence à s’y attacher. On considère alors que le chômeur est celui qui ne trouve personne pour acheter sa force de travail. Mais à cette époque, le chômage est encore une nouveauté : la proto-industrialisation (période pendant laquelle l’agriculture et le salariat se combinent encore) ne connaissait pas à proprement parler le chômage.
Qu’est-ce que le chômage ?
Le chômeur, selon la définition donnée par le Bureau International du Travail (BIT) est une personne en âge de travailler (dès 15 ans) qui se trouve sans emploi (qui n’a pas du tout travaillé), est disponible pour occuper un poste dans les 15 jours, et recherche activement un emploi. Mais autour du chômage lui-même, un « halo » de chômage est visible (selon Freyssinet) : certaines personnes découragées ne sont plus à la recherche de travail, mais font des recherches lorsque la situation économique s'améliore. Aussi, certaines personnes travaillent involontairement sur des horaires réduits.
Le taux de chômage est ainsi calculé comme suit :
Chômeurs / population active
On considère que l’économie se trouve en situation de plein emploi lorsque le taux de chômage est inférieur à 3 %. Ces 3 % sont dus au seul chômage frictionnel, c'est-à-dire dû aux périodes de recherche d’emploi pour les jeunes diplômés ou pour les travailleurs qui quittent leur emploi pour en retrouver un autre.
Le taux de chômage en France
Le taux de chômage est mesuré par l’INSEE, qui ne prend pas en compte tous les modes de chômage (préretraites, demandeurs d’emploi en formation…). Le CERC comptabilise quant à lui environ 5 millions de chômeurs, c'est-à-dire 20 % de la population active. Mais si l’on compte également les travailleurs pauvres (intérimaires, personnes bénéficiant de contrats à durée déterminée…), alors on arrive au chiffre de 7 millions, selon le Commissariat au Plan. Les véritables chiffres du chômage sont donc difficiles à déterminer.
Ce taux diffère selon les catégories socioprofessionnelles. Il existe en effet une relation décroissante entre le taux de chômage et le niveau d’instruction. Les ouvriers sont les plus touchés, alors que les cadres le sont beaucoup moins. La situation de l’emploi est caractérisée par un chômage de longue durée, qui se retrouve plus facilement chez les jeunes et les travailleurs non qualifiés.
Le chômage est également hétérogène par sa durée. Les pays de l’Union européenne connaissent majoritairement un chômage de longue période. En effet, plus de 40% des chômeurs européens sont sans emploi depuis au moins douze mois. Ces chômeurs risquent d’être moins facilement employables.
Vue d’ensemble
La situation de l’emploi s’est rapidement dégradée en Europe après le premier choc pétrolier. La période a été marquée par un déclin des emplois agricoles et industriels, mais par un accroissement de l’emploi dans le secteur tertiaire. Les problèmes de mutabilité de l’emploi (les ouvriers n’étaient par exemple pas formés aux métiers du tertiaire, et la conjoncture étant défavorable) ont provoqué la montée massive du taux de chômage en France pour arriver au pic de 12,4 % en 1997. La France n’est pas le seul pays touché : une grande partie des pays de l’Union Européenne est touchée par le chômage ; en revanche, les Etats-Unis sont parvenus à maintenir à faible taux de chômage (4,5% en moyenne), bien qu'il ait augmenté depuis avec la crise de 2008.
La situation, devenue défavorable aux travailleurs, a conduit à l’apparition de nouveaux types d’emplois en France, beaucoup plus précaires. Mais c'est un phénomène qui se vérifie dans de nombreux endroits du monde ; ainsi au Japon, les emplois à vie ont progressivement tend à disparaître. En France, des formes particulières d’emploi (FPE) sont ainsi apparues, mettant fin à la « norme d’emploi ». Le travail n’est désormais plus garanti, les horaires ne plus nécessairement fixés, etc. L’emploi change donc par sa nature même. Les CDD (contrats à durée déterminée) apparaissent alors dans la société française. Les revenus sont généralement faibles car ils correspondent à des emplois peu ou pas qualifiés, et ponctuels. Cela rend la vie moins stable et moins sécuritaire. De même, le travail à temps partiel s’est accru : de 8,6 % en 1983, il est passé à environ 25 % en 2007.
L’emploi s’est en effet modifié à partir de cette période : les jeunes ont de plus en plus souvent des emplois précaires, tandis que les travailleurs plus âgés peinent à retrouver un emploi. On assiste également à un accroissement important du nombre de travailleurs pauvres, qui malgré leur emploi, ne peuvent vivre normalement.
Pour théoriser les différences entre la « norme d’emploi » et les emplois précaires, on peut évoquer le clivage du marché du travail défini par Michael Piore, économiste américain. Ce dernier divise le marché du travail en deux grands secteurs : le marché primaire/ le marché secondaire. Le marché primaire est selon lui constitué d’emplois valorisants, bien rémunérés ; le marché secondaire regroupe les emplois précaires, mal rémunérés. Les uns relèvent d’emplois typiques (contrats à durée indéterminée), les autres, d'emplois atypiques (contrats à durée déterminée). La récession provoquée par le 1er choc pétrolier a accentué cette division. Mais cette division existe également au niveau de l’entreprise elle-même : le noyau de l’entreprise se compose d’employés bénéficiant de CDI, et autour, des travailleurs atypiques, aux contrats précaires. Les salaires des emplois atypiques étant plus faibles, cela permet aux entreprises de diminuer leurs coûts de production ; en effet, la précarité de leur situation permet à l’entreprise d’exercer une pression sur ces travailleurs pour améliorer la productivité. La baisse du syndicalisme est aussi due à l'accroissement du nombre de travailleurs précaires.