Les classiques et les monétaristes : la neutralité de la
monnaie
Selon les classiques et les néoclassiques, la monnaie n’a pas
d’influence sur l’économie réelle. Il n’y donc pas de relation
entre la sphère réelle et la sphère monétaire.
La monnaie détermine le niveau général des prix : c’est la
théorie quantitative de la monnaie. Si on augmente la quantité de
monnaie en circulation, on augmente d’un coup la demande globale.
Puisque l’offre, elle, n’a pas bougé, le niveau des prix va
augmenter. En effet, il y a trop de demande et très peu de produits
offerts, ce qui augmente la valeur des biens et services. Hume
considère que tous les prix doublent, ce qui montre qu’il n’y a pas
de variation des prix relatifs des marchandises, et que les taux
d’intérêt ne bougent pas. La monnaie n’a donc pas d’influence sur
l’économie réelle, elle est neutre. Il n’y a en effet que des
effets nominaux, non des effets réels. Hume montre que la monnaie
est neutre à long terme (les chocs monétaires ont des effets sur
une courte période).
En réaction aux politiques keynésiennes, les monétaristes
considèrent quant à eux que la modification du stock de monnaie a
une incidence sur le niveau général des prix ; ils confirment
donc la théorie quantitative de la monnaie selon laquelle la
monnaie est neutre à long terme. L'un de grands monétaristes,
Friedman, admet néanmoins que le choc monétaire peut avoir des
effets sur la production à court terme, et donc sur les prix réels.
Mais il montre que l'intervention publique par la politique
monétaire n’a pas d’intérêt dans la mesure où elle n’a d’effet qu’à
court terme et finit par déstabiliser l’économie. Il est donc
nécessaire de respecter une règle monétariste fondamentale :
la masse monétaire doit progresser à un taux égal au taux de
croissance à long terme de l’économie augmentée du taux
d’inflation.
Les monétaristes montrent également que la demande de monnaie
dépend du revenu permanent des agents (non de leur revenu courant
qui n’est pas perpétuel). Les agents se fondent en effet sur ce
qu’ils à un moment précis, mais aussi sur ce qu’ils peuvent
anticiper (revenus escomptés futurs) ; les fluctuations du
revenu courant à court terme n’ont donc pas d’influence sur les
agents ; les agents ne sont donc pas influencés par ces variations
de revenus et les variations de revenu courant ne modifient pas la
demande de monnaie.
Les keynésiens : la monnaie n’est pas neutre
Keynes considère que toute offre ne rencontre pas nécessairement
sa propre demande. En effet, tout le revenu n’est pas toujours
dépensé, ce qui limite la demande globale. Il est donc nécessaire
d’accroitre cette demande afin de limiter les situations de
sous-emploi. On peut donc recourir à la « planche à
billets » pour relancer l’économie ; l'augmentation de la
quantité de monnaie en circulation n'entraine pas d'inflation car
la demande, une fois stimulée, stimule elle-même l’offre.
L’augmentation de la quantité de monnaie peut en effet modifier le
niveau général des prix ; c’est l’effet Pigou (effet
d’encaisse réelle).
L’effet d’encaisse réelle montre que l'accroissement de la
quantité de monnaie par les pouvoirs publics pour stimuler
l’activité entraine l'augmentation des encaisses réelles des agents
; cela a pour effet de permettre aux agents d'effectuer davantage
d'achats. La demande augmente donc fortement, et l’offre doit s’y
adapter. Mais à court terme, l'offre ne peut pas s'adapter (car les
facteurs de production sont pleinement employés, et il est
impossible d'augmenter la production); les prix augmentent donc
(car il y a peu de produits sur le marché), ce qui a pour effet de
réduire la valeur réelle des encaisses. Les agents ne bénéficient
alors plus du phénomène, et reviennent à l’état initial.