Le Japon est l’un des premiers
exportateurs de produits manufacturés, ce qui lui permet de limiter
très largement les importations de ces produits. Mais le pays est
très dépendant : il est le 3e importateur mondial
de produits alimentaires. L’excédent commercial du Japon vient
beaucoup de ses partenaires asiatiques, et notamment de la Chine.
L’Asie est en effet son 1er partenaire.
Ce pays se situe au deuxième
rang des puissances économiques, après les Etats-Unis. On peut
considérer que son succès tient au travail important et efficace
des Japonais, ainsi que des bonnes ententes entre travailleurs et
entreprises, ce qui limite les conflits sociaux, et apporte les
fruits d’un capitalisme efficace. Le gouvernement de Singapour
disait en ce sens que le succès du Japon venait de la combinaison
de la culture japonaise avec des méthodes occidentales.
Brève histoire de l’économie
japonaise
Le Japon est resté protégé au
cours des crises que le monde a connu au cours du 20e
siècle. Alors que le monde est en pleine crise, au début des années
30, le Japon tente de mener une politique de déflation, qui
n’apportera pas de résultats positifs. Les exportations continuent
à chuter. Mais la crise n’aura pas d’importance sur l’activité
économique du pays. Des mesures sont en effet prises :
protectionnisme, expansion territoriale dans la région, mesure de
flottement du yen. Le Japon cherche ainsi à dominer certains pays
alentours comme la Chine ou la Corée. A cette époque, les pays
occidentaux ont adopté des mesures protectionnistes, ce qui limite
les débouchés du Japon, qui se tourne vers les relations
commerciales avec les pays asiatiques.
Avant la seconde guerre
mondiale, l’économie va se tourner vers la guerre. Le budget
militaire va largement s’accroitre et l’économie de guerre se
mettre en place.
Août 1945 marque la défaite du
Japon, lorsque Hiroshima et Nagasaki deviennent le terrain d’essai
de la bombe atomique américaine. Les coûts d’une telle défaite sont
considérables : destruction des industries, chômage, et
traumatisme psychologique. Le Japon est alors sous l’emprise des
Etats-Unis, qui vont essayer de démocratiser le pays, aussi bien au
sein du gouvernement que des entreprises, notamment au travers des
législations du travail. Les Américains souhaitent en effet à tout
prix éviter la propagation du communisme ; ils vont ainsi
donner au Japon une image de bonne démocratie, alors même que les
Japonais renouent avec leurs anciennes structures sociales. Pour
cela, il est nécessaire de donner des conditions de vie favorables
aux Japonais car de la pauvreté nait le communisme selon les
américains. D’importantes aides sont alors octroyées au
Japon : la parité Yen/dollar a établi la sous-évaluation du
Yen, ce qui a permis au Japon de se constituer un capital grâce à
l’augmentation des exportations. Les biens ont ainsi largement été
exportés avant d’être accompagnés des capitaux.
Mais en apparence, les Japonais
découvrent une culture occidentale, par les lois démocratiques de
1946 et 1949. Les Etats-Unis vont notamment, afin d’éviter une
réminiscence de la revendication d’un espace vital, les naissances
sont limitées. Mais si on cherche à limiter les cloisonnements de
la société nippone (par la décartellisation : limitation des
mécanismes d’hérédités en matière d’économie), le Japon retrouve
les marques de ses ancêtres. On peut par exemple constater qu’un
Empereur dirige le pays.
Economie japonaise
La fulgurante
ascension
La guerre de Corée est favorable
au Japon, qui voit ses commandes augmenter en faveur des
Etats-Unis. Le PIB du Japon commence déjà, en 1950, à s’accroitre.
Il dépasse déjà le PIB de l’Italie.
Le Japon va connaitre une
croissance très importante à partir des années 1950. Pourtant, la
gestion originale de l’économie aurait laissé supposer l’inverse.
L’Etat jouait en effet un rôle primordial dans l’économie,
récompensant les personnes qui avaient réussis à gagner beaucoup
d’argent (bourgeois…). C’est dans ce cadre que le « triangle
de fer » s’est mis en place : il s’articule autour des
universités, des politiciens et du patronat. Cette triade
constituée autour des pouvoirs politique, économique et
administratif est le fondement de l’efficacité japonaise. Un
partage était ainsi effectué entre les politiciens et les
patrons.
La Haute croissance du Japon
s’effectue dans heurt pendant 20 ans, avant qu’une crise sociale
n’éclate en 1972. Les syndicats sont alors parvenus à obtenir une
augmentation des salaires. Mais les revendications de cette époque
n’ont entrainé qu’une accentuation de la mutation. Le modèle
japonais a ainsi du s’adapter au nouveau contexte mondial. C’est
dans ce cadre que le toyotisme a pris forme, dans le but de faire
redémarrer l’économie et d’accroitre sa production pour faire face
au géant américain. Le Japon cherche donc à accroitre sa
production, tout en maintenant la qualité de ses produits, en se
fondant sur les « cinq zéros » : zéro panne, zéro
stock (retirer les stocks pour éviter l’immobilisation de capital,
grâce au Juste à Temps qui permet la fabrication quasiment à la
demande pour éliminer tout stock), zéro défauts de production, zéro
délais, zéro papiers (limiter la paralysie par la bureaucratie).
Cette nouvelle méthode d’accroissement de la productivité, parfois
qualifiée de « post taylorisme », aura des effets
bénéfiques considérables sur l’économie japonaise.
Parallèlement, le Yen s’apprécie
de plus en plus (endaka :
signifie l’appréciation continue du Yen). Si on aurait pu craindre
que cela vienne bloquer les exportations, cela ne fut pas le cas
car les pays achètent en raison de la qualité des produits, et de
leur réputation. Mais c’est également l’élimination de la
concurrence dans certains domaines, et essentiellement celui de
l’électronique, qui contribue à ce résultat. Aussi, si les
exportations venaient à diminuer, il suffisait pour diminuer les
prix de délocaliser les entreprises de main d’œuvre dans les pays
où celle-ci est moins chère. Le Yen a donc d’abord été sous évalué
jusqu’en 1972, avant que n’apparaisse le Yen flottant la décennie
suivant.
Le Japon a ainsi acquiert une
puissance incontestable en matière d’exportation. Les pays
occidentaux redoutaient les Japonais, qui, forts de leur succès,
voyaient leurs entreprises fermer en raison de la concurrence
japonaise. Ces pays ont donc tenté de résister, pas le Japan Bushing. Sur le plan économique, les Américains
doivent faire face au Japan
Bashing, alors que les Japonais ont
beaucoup de pouvoir. Les USA ont un déficit de leur balance
commerciale avec le Japon, et demandent en ce sens un abaissement
des barrières douanières. En réaction à ces demandes occidentales,
le Japon, par le biais du rapport Maekawa propose des solutions. C’est ainsi qu’on
propose d’exporter les capitaux et d’augmenter les
importations.
Les raisons du
succès
Le Japon s’est fondé sur la
théorie établie par Karane Akamatsu, du « vol des oies sauvages »,
qui suppose le passage par des phases successives afin d’atteindre
un développement commercial élevé. Le pays a débuté en protégeant
son territoire et ses jeunes entreprises, afin de former un capital
qui sera par la suite utile. Cela a ensuite permis de gagner le
marché intérieur, avant de s’intéresser à l’exportation. Cette
dernière s’est alors fixée sur la production de bien d’équipement.
Les résultats ont permis le réinvestissement dans la production
nationale.
L’économie japonaise s’est
fondée sur l’action importante de l’Etat, qui a fondé le
MITI (Ministry
of International Trade and Industry) en 1949, afin de mettre en place
la stratégie qui a permis au Japon d’acquérir sa croissance. Le
pays a choisi la planification, mais une planification toute autre
que la soviétique. Le MITI prônait les aménagements du littoral,
zone propice aux échanges, mais se fixait aussi sur les équipements
électroniques ; son influence certaine a permis au Japon de
poser les bases de l’économie. Le MITI a néanmoins perdu de sa
puissance dans les années 80, et est devenu le METI
(Ministry of
Economy, Trade and Industry).
L’Etat a accru les exportations
dans les années 70, au travers de sa Politique de Promotion des
exportations, après avoir promu l’image du Japon à l’extérieur. Les
sogos shôshas ont alors joué un rôle important dans
la mesure où ils ont exporté des produits industriels.
Dans les années 80, le Japon met
en place diverses mesures qui approfondissent le régime économie du
pays. On chercher alors à accroitre la demande intérieure, à fonder
son économie sur la miniaturisation et les industries de pointe sur
lesquelles le Japon avait incontestablement une valeur ajoutée.
L’ensemble se base sur les trois « D » :
délocalisation, diversification et déploiement.
Le succès du Japon tient
également à l’efficacité de la coopération entre l’Etat et les
entreprises, qui se fonde sur de
puissants syndicats d’entreprises. Il existe peu de conflits, et
seul un mouvement syndical significatif a lieu au printemps
(Shunto). L’éthique au travail est donc
importante, même si ces valeurs qui ont contribué à ériger le Japon
en grande puissance mondiale déclinent.
Le passage à vide
L’enthousiasme suscité par la
réussite économique spectaculaire du Japon a entrainé d’importantes
spéculations, entrainant ainsi l’éclatement de la bulle spéculative
en 1989.
Dans les années 90, le Japon
entre en récession. Les banques avaient en effet accumulé des
créances douteuses, qui n’étaient pas suffisamment fiables, ce qui
a entrainé l’impossibilité de remboursement et des endettements
importants. Des mesures ont alors été mises en place afin de
relancer l’activité économique.
Le Japon connait des revers de
médaille. Alors qu’il réalise d’importants excédents, le pays voit
sa monnaie appréciée, ce qui provoque une diminution des
exportations qui ne sont plus rentables pour les acheteurs. En
conséquence, le Japon a du recourir à la main d’œuvre bon marché,
en délocalisant les entreprises vers les pays où la monnaie est
plus faible. Mais cela a conduit à installer le chômage. Mais ce
chômage connait des hauts et des bas ; si celui-ci a augmenté
au début des années 2000 (5,5% en 2002), il a diminué (3,8% en
2007) avant d’augmenter à nouveau (5,7% en 2009). Il convient de
noter que si étaient appliquées les méthodes de calcul
occidentales, le taux de chômage avoisinerait plutôt les 7% à
8%.
Le 2 juillet 1997 la crise nait
à Bangkok, et gagne les pays de l’Asie du Sud-Est ainsi que la Russie et le Brésil. Cela
provoque des dégâts au Japon : le taux de croissance devient
négatif, les ventes s’effondrent, faillites s’accumulent. On met
alors en avant le pouvoir des mafias et les problèmes de
criminalité qui augmentent largement.
Politique japonaise
La fondation du JIMINTO (Parti
Libéral Démocrate) qui a été au pouvoir depuis 1955, a mis en place
les bases du cloisonnement de la société. Les fonctionnaires
avaient tous fréquenté la même université, et l’économie se fondait
sur la conquête de nouveaux marchés pour assurer la production. Les
dépenses militaires étaient donc faibles (1% du PIB), de même que
les dépenses sociales. Pour accumuler un maximum de capital, il
fallait en effet limiter les dépenses, et notamment limiter les
prélèvements qui n’incitent pas les entreprises à avancer (trop de
prélèvement ne permet pas l’accumulation de capital dans ces
conditions).
Le Japon a été pour les USA un
terrain favorable à la mise en œuvre de la politique du
containment. La guerre froide a
permis de mettre en place des liens étroits entre les deux pays.
C’est donc politiquement que d’importantes ententes ont permis
l’établissement de stratégies ; c’est par exemple celle du
projet de la guerre des étoiles (pour la détection et la
destruction des missiles balistiques), que les Japonais
accepteront. Aussi, alors même que le Japon ne participe pas à la
guerre du Golfe, le pays a attribué d’importantes sommes aux
Etats-Unis dans le cadre de ce conflit.
Il convient enfin d’ajouter que
le Japon a développé une politique d’expansion asiatique, afin de
devenir une puissance mondiale, après avoir su devenir une
puissance asiatique. Le Japon se montre alors comme un modèle de
développement économique, fondé sur la démocratie libérale sur
laquelle les autres peuvent s’appuyer.