Qu’est-ce que l’inflation ?
Il s’agit de la manifestation de la hausse du niveau
général des prix (ce n’est donc pas la hausse en
elle-même). C’est un phénomène macroéconomique (il
n’a pas lieu dans un seul secteur, par exemple une mauvaise
récolte) qui n’est révélateur que de la hausse des prix.
L’inflation est un phénomène autoentretenu : la
hausse des prix engendre une nouvelle hausse, qui en engendre une
autre, etc. En effet, si les salariés demandent une revalorisation
de leurs salaires, les profits des entreprises vont diminuer, ce
qui va les inciter à augmenter le prix de leurs produits (on
répercute les hausses de salaire). Constatant l'augmentation du
prix des produits et donc la diminution de leur pouvoir d’achat,
les ménages demandent une revalorisation de leur salaire, etc.
C’est ce qu’on appelle la spirale
inflationniste.
L’inflation ne doit pas être confondue avec d’autres
notions :
- Hyperinflation : forte inflation (ex : en Allemagne en
1922-1923, lorsqu’il fallait une brouette pleine de billet pour
acheter une baguette de pain !)
- Stagflation : combinaison d’inflation et de chômage (ex :
après le premier choc pétrolier)
- Désinflation : ralentissement durable de la hausse des
prix (elle doit durer dans le temps : une seule année où ils y a
une diminution du taux d’inflation)
- Déflation : baisse des prix, qui peut résulter d'une
récession économique, de la chute de la demande des ménages (la
demande diminuant, les prix baissent, comme les marges des
entreprises, ce qui accroît les licenciements)
La hausse des prix est mesurée par l’indice des prix à la
consommation nationale (IPCN).
Types d’inflation
A l’époque où les métaux précieux affluaient des territoires
découverts par les grands explorateurs, l’inflation qui touche le
Vieux Continent est un phénomène incompréhensible pour les
contemporains. Bodin fournit une première
explication au phénomène : la hausse de la masse monétaire
serait à l’origine de l’inflation. C’est la théorie
quantitative de la monnaie.
Mais l’inflation est un phénomène complexe, qui peut venir de
différents facteurs, qu’il convient d’étudier.
Il peut s’agir d’une inflation par les coûts.
Les entreprises cherchent la quantité optimale de production qui
leur permet de maximiser leurs profits. Si les coûts de production
augmentent, les entreprises vont les répercuter sur les prix de
vente car les produits sont en moins grande quantité (spirale
inflationniste). Par exemple, si le coût du travail augmente après
des négociations salariales, cela entraine un accroissement des
charges patronales. De même, si la fiscalité s’accroit, l’impôt sur
les sociétés va faire baisser les profits de l’entreprise. Enfin,
l'inflation peut résulter de l’augmentation du coût des matières
premières, comme ce fut le cas lors du choc pétrolier de 1973.
Il peut s’agir d’une inflation monétaire. Pour
Friedman, l’inflation « est toujours et
partout un phénomène monétaire ». Selon lui, l’excès de
monnaie par rapport à la production réelle entraine une inflation.
Les monétaristes considèrent que la monnaie est l’huile de
l’économie : dans une voiture, l’huile doit s’adapter à la
voiture (si on en met trop, la voiture brûle, si on en met pas
assez, la voiture n’avance pas). Tout comme l’huile, il faut la
bonne quantité de monnaie, adaptée à l’évolution du volume de la
production ; si la quantité de monnaie n’est pas corrélée au volume
de production, l'inflation apparaît. Les monétaristes montrent
également que les politiques de relance n’entrainent, à long terme,
que de l’inflation. En effet, lorsque la masse monétaire est
augmentée, les agents sont victimes d’une illusion monétaire, les
laissant croire qu’ils ont plus d’argent et qu’ils peuvent donc
consommer davantage. Mais rapidement, ceux-ci se rendent compte de
l'illusion et modifient leur comportement, ce qui met un terme aux
effets bénéfiques de la relance ; ainsi, le seul effet de la
relance est l’inflation car la masse monétaire s’est, elle, bien
accrue. Les nouveaux classiques vont encore plus loin dans leur
théorie des anticipations rationnelles (la politique monétaire n’a
aucun effet, même à court terme, car les agents savent qu’elle a
été mise en place).
Il peut s’agir d’une inflation importée.
L’internationalisation des échanges conduit à l’importation de
l’inflation issue des pays avec lesquels les échanges sont
effectués. Ce type d'inflation est arrivée après le premier choc
pétrolier, lorsque le prix du pétrole a été multiplié par cinq en
moins d’un an.
Il convient également d’établir une distinction entre
l’inflation conjoncturelle et
structurelle. La première est liée à un phénomène
qui n’est que transitoire (la guerre par exemple). Au contraire,
l’inflation structurelle est plus profonde, elle vient des
fondements mêmes de l’économie capitaliste. En effet, lorsque les
lois naturelles du marché ne sont plus garanties, la liberté de
concurrence peut être atteinte. Par exemple, si l'on se trouve dans
une économie oligopolistique dans laquelle seules quelques
entreprises imposent leurs prix (qui peuvent être élevés car aucune
autre entreprise ne les met en concurrence pour les faire baisser),
l'inflation apparaît. De même, l’intervention de l’Etat, par
exemple par la mise en œuvre de salaires minimaux, crée une boucle
prix salaire (spirale inflationniste).