Francois Mitterrand
François Mitterrand
Premier mandat
La campagne des élections présidentielles de 1981 eurent lieu dans un climat normal, après les anciennes élections précipitées de Valéry Giscard d?Estaing en 1974 suite à la mort de son prédécesseur. Les candidats ont donc eu le temps de s?y préparer. De nombreux candidats se présentent ; Valéry Giscard d?Estaing représentera l?UDF, Georges Marchais le Parti Communiste. Le RPR voit la présentation de deux candidats que sont Michel Debré et Jacques Chirac, ce dernier étant très critique vis-à-vis du président sortant. Pour la deuxième fois, Arlette Laguiller, se présente à l?élection présidentielle, représentant ainsi la Lutte ouvrière. Le Parti Socialiste lui sera représenté par François Mitterrand, qui se présente suite au retrait de candidature de Michel Rocard ; ce dernier s?était retiré lors du congrès de Metz pendant lequel il avait renoncé à une candidature contre François Mitterrand. Celui-ci fera campagne au travers de ses 110 propositions. Pour le PSU, Huguette Bouchardeau se présente, Brice Lalonde pour les écologistes.
Le premier tour montre un net recul du Parti communiste, qui s?est considérablement affaibli depuis ses résultats de la Libération. Valéry Giscard d?Estaing arrive en tête avec 28,32% des suffrages exprimés contre 25,85% pour François Mitterrand. En troisième position avec 18% des suffrages exprimés, Jacques Chirac renonçait au deuxième tour.
Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu Président de la République avec 51,8% des voix, contre 48% pour Valéry Giscard d?Estaing. Comme il l?avait prévu, le nouveau président dissout l?Assemblée dès le 22 mai afin de disposer d?une majorité. Ainsi, les élections législatives conduisent effectivement au succès du Parti socialiste.
Il nomme Pierre Mauroy au poste de premier ministre, puis se donne 100 jours pour mettre en ?uvre les réformes préalablement annoncées et ce, pour concrétiser la promesse de changement
Avec Pierre Mauroy, le gouvernement prend une tournure différente. Le nombre de ministre alors que 15 à 20 passe à 34, créant ainsi de nouveaux ministères originaux.
Le nouveau gouvernement prend très rapidement des mesures structurelles importantes, par le biais des nationalisations. Cinq grands groupes sont alors nationalisés : Rhône-Poulenc, Thomson-Brandt, Péchiney-Ugine-Kuhlmann, Saint-Gobain, Compagnie générale d?électricité. L?ensemble du secteur public représente ainsi 183 entreprises. Aussi, la loi du 3 mars 1982 relative à la décentralisation prévoyait de larges transferts de compétences étatiques.
Aussi, de nombreuses mesures concrètes se mettent en place dès 1981. Les français obtiennent la hausse du SMIC de 10%, l?avancée de l?âge de la retraite à 60 ans, l?octroi d?une cinquième semaine de congés payé ainsi que la baisse de la durée de travail à 39 heures. Aussi, les lois Auroux permettent au travailleur de disposer de droits plus conséquents, peut recourir à une formation professionnelle. Mais seront aussi mis en place des majorations des allocations familiales, du minimum vieillesse. Les dépenses publiques ont ainsi du être augmentées de 27,5% afin de satisfaire aux réformes du gouvernement. Mais cela était destiné à relancer la consommation. Si celle-ci fut effectivement relancée, la production, elle, ne s?accru pas. Ainsi, la balance commerciale se déséquilibra, puisque les importations augmentaient, conduisant à un déficit de la balance commerciale de 93,3 milliards en 1982. Aussi, la contrainte extérieure notamment amène à une inflation importante difficile à freiner. La dette publique, relative aux emprunts nécessaires pour faire face à ses problèmes, atteint des sommets. Cette mauvaise situation économique atteint le secteur social, et le chômage progressa nettement.
Le changement sera surtout marqué par l?abolition de la peine de mort dès 1981 par la loi Badinter. Mais cette politique donnera lieu à une expansion du domaine artistique, avec notamment la première fête de la musique.
Ainsi, malgré la forte évolution établie au travers des réformes, la France se trouve dans une crise économique que le gouvernement a du mal à maitriser. Ainsi, malgré les nombreuses réformes à la faveur de la population, il est désormais nécessaire de mettre en place des mesures plus restrictives ; il faut ralentir la consommation, limiter le déficit budgétaire. Les prélèvements sont donc augmentés.
Pour affronter la situation, le programme annoncé en 1981 doit se modifier quelque peu ; la politique économique doit changer d?orientation. Ainsi, la France passe à une « politique de rigueur », qui s?éloigne d?un trop grand protectionnisme et se rapproche de l?économie de marché. Cette mesure amène à une diminution de l?inflation ; pourtant le chômage lui se poursuit.
L? « état de grâce » dans lequel se trouvait le gouvernement n?est plus, et nombreux sont ceux qui s?élèvent contre cette politique qui devient de moins en moins sociale. L?image du président de la République se détériore et les français lui font progressivement moins confiance. 45% d?individus se trouvent insatisfaits à la fin 1982. La droite quant à elle se redresse, et obtient de bons résultats lors des élections municipales ; la gauche perd 57 villes. Suite à cela, et ce, après des hésitations, F. Mitterrand reconduit Pierre Mauroy au poste de premier ministre.
Dès lors, le gouvernement décide de mettre en place le second plan de rigueur. Des mesures peu populaires sont mises en place ; l?augmentation des prélèvements, réduction des couts de Sécurité sociale, ou encore l?augmentation de la taxe sur les carburants conduisent à de forts mécontentements. Les manifestations de toutes sortes en 1983 montrent l?impact des réformes sur la population. Le président et son premier ministre deviennent réellement impopulaires, conduisant également au fléchissement de notoriété du Parti socialiste, qui perd de nombreux électeurs.
Cette affaiblissement de la bonne image présidentielle s?affirme d?autant plus que le président de la République multiplie les fausses man?uvres et ce, notamment à travers son projet de réforme de l?enseignement en 1984. Le président veut instaurer, comme il l?avait prononcé lors de sa campagne, une grand enseignement public unifié et laïque, intégrant ainsi les établissements privés sous contrat. Mais la levée des contestations venues de l?enseignement catholique, et l?accusation de porter atteinte à la liberté conduisent au retrait du projet de loi le 12 juillet 1984.
Pierre Mauroy démissionne le 17 juillet 1984, et est remplacé par Laurent Fabius. Malgré la modernité qu?inspire le nouveau premier ministre, du fait de son âge et de ses engagements, sa présence n?améliore pas l?image du président de la République.
De lourdes affaires conduisent d?autant plus à ternir la notoriété du Chef d?Etat. Ainsi l?affaire Greenpeace provoqua de vives contestations liées à la destruction du navire Rainbow Warior par les services secrets français ; cette affaire amena la démission du ministre de la Défense Charles Hernu. Aussi, la Nouvelle Calédonie connait un regain indépendantiste venu d?un groupe issu de la population mélanésienne au travers du Font de Libération nationale kanak et socialiste.
Aussi, l?endettement du pays devenant tellement important, l?emprunt est impossible ; le gouvernement cherchera donc à cacher cette vérité aux français. Et il ne s?agit pas de la seule dissimulation ; on peut prendre l?exemple des écoutes téléphonique, affaire dans laquelle les français se sentent trahis par un président qui au contraire fait gage de modernité et de transparence.
Prévoyant les élections législatives de 1986, François Mitterrand va mettre en place le scrutin proportionnel afin de limiter sa défaite annoncée. C?est au travers de cette mesure notamment que le Front national s?est installé sur la scène politique française. Les résultats de ces élections montrent la confirmation de l?enlisement progressif du Parti communiste à des faibles scores. La droite remporte la majorité des sièges avec 288 sièges. Ainsi se mis en place la première cohabitation de la Ve République.
François Mitterrand désigne alors le gaulliste Jacques Chirac comme premier ministre. Alors que les débuts semblent coopératifs, le premier ministre va peu à peu engager seul sa politique. Les différences politiques se ressentent, et chacun d?eux tente de tenir sa force et sa position ; l?un par la non signature des ordonnances qui lui sont soumises, l?autre en désavouant la politique du président de la République. Le premier ministre commence par nommer des ministres provenant du RPR. Ainsi, Charles Pasqua se trouve au ministère de l?Intérieur, alors qu?Edouard Balladur prend en charge l?Economie des Finances et de la Privatisation. Au vu de cette dénomination, on comprend l?arrivée de la politique libérale relative au secteur économique. Ainsi, le nouveau premier ministre met en place une série de privatisations en 1986 rapportant 400 milliards à l?Etat, revenant ainsi sur la politique de nationalisation entreprise auparavant par François Mitterrand. La politique se tourne en faveur des entreprises, mais la chômage s?accentue encore, pour finalement se stabiliser en 1987.
La question de l?immigration s?amorce aussi et apporte des contestations. Alors que la France avait fait appel à la main d??uvre étrangère dès les années 1950, on tente désormais de réguler l?immigration.
Second mandat
Malgré son âge, François Mitterrand se présente à nouveau à la présidence de la République en 1988, constatant notamment que les sondages le considèrent gagnant. Il se place au-dessus des partis, et veut incarner la France Unie, selon son slogan. Il est perçu comme un homme qui maintiendra les acquis sociaux. De son côté, Jacques Chirac annonce sa candidature le 16 janvier 1988 ; mais sa politique libérale attire peu. Valéry Giscard d?Estaing annonce lui qu?il ne se présente pas, puisque selon lui « il n?y a pas de différence idéologique entre le RPR et l?UDF. Dénonçant la cohabitation, Raymond Barre se présente également. A côté des grands candidats se présentent également Jean-Marie Le Pen pour le Front National, André Lajoinie pour le PCF, Arlette Laguiller pour la Lutte ouvrière, Antoine Waechter pour l?écologie, Pierre Boussel pour le Mouvement pour un parti des travailleurs et Pierre Juquin pour les communistes rénovateurs. Ainsi, François Mitterrand sort en tête du scrutin avec 34,09% des suffrages exprimés, contre 19,94% pour Jacques Chirac qui arrive en deuxième position, et 16,54% pour Raymond Barre. L?extrême droite fit également un bon score, avec 14,39% des suffrages exprimés, cela étant notamment dû à la redondance des questions relatives à la sécurité et à l?immigration. Le second tour confirme l?avance de François Mitterrand en le faisant remporter les élections avec 54,01% des suffrages exprimés. Comme cela avait été le cas en 1981, l?Assemblée est dissoute ; le rétablissement du scrutin majoritaire ne conduit pourtant pas à une vraie majorité. Les socialistes obtiennent 278 sièges, contre 130 et 128 pour l?UDF et le RPR.
Michel Rocard est désigné comme premier ministre par le président de la République. Son gouvernement se compose de Pierre Joxe à l?Intérieur, de Jean-Pierre Chevènement à la Défense, de Lionel Jospin à l?Education nationale, ou encore de Jack Lang à la Culture. Cette politique se réclamant d? « ouverture », fait entrer certaines personnalités du centre droit comme Lionel Stoléru.
La Nouvelle-Calédonie redevient le centre des préoccupations politiques. Les violences qui y éclatent sont importantes et pour faire face à ces affrontements, la France propose un référendum relatif à l?article 11, et un scrutin d?autodétermination. Pourtant, la population française ne s?intéressa pas au scrutin, et on atteint alors 63% d?abstention.
Coté finance, la France crée de nouvelles réformes. Ainsi, le 11 octobre 1988 voit apparaitre le SMIC qui garanti un revenu minimum de 2000 francs par mois aux personnes sans ressources. Parallèlement, un programme de réinsertion est mis en place, ne laissant ainsi pas dans la rue des milliers de personnes ; des stages et des formations se mettent en place afin de permettre aux délaissés de réintégrer la vie en société. Pourtant, le chômage quant à lui se remet à progresser, atteignant des chiffres record. L?impôt de solidarité sur la fortune, qui avait été supprimé par Jacques Chirac, permettra de financer ce projet couteux. Aussi, en 1991, la Contribution Sociale Généralisée (CSG) est crée afin de financer la sécurité sociale. Si une grande partie des syndicats refusent ce projet, il est adopté par le gouvernement Rocard. Les recettes liées à cette taxe en font le premier impôt direct en France.