Programmes télévisés

L’idée de la télévision comme culture populaire s’est rapidement concrétisée.

Un samedi de 1967 par exemple, la première chaîne proposait de débuter la matinée par la «Télévision scolaire - Mathématiques», et de poursuivre par une «Initiation scientifique - Technologie». Dans la journée, d’autre programmes de ce type (ex: «Je voudrais savoir : Les assistantes sociales») s’enchaînent; souvent, il est question de mieux connaître le monde ou la France (ex: «Villes et villages»). Puis, le soir, une pièce de théâtre est proposée aux téléspectateurs.

Mais très vite, la volonté de cultiver le public va s’estomper et dès la décennie suivante, les choses vont déjà changer. Si l’idée d’adapter des œuvres littéraires demeure encore vivace, il s’agit désormais de choisir des ouvrages contemporains et de tendre à la «feuilletonisation». Le feuilleton Noëlle aux quatre vents, diffusé en 1970, en atteste nettement: adapté du roman éponyme de Jacques Tournier, il raconte, à la manière d’un roman-photo, la vie d’une jeune fille gaie et insouciante menant une quête sur ses origines.

«Les feuilletons des années 1960-1970 connaissaient de grands succès d’audience.

Beaucoup d’autres feuilletons du même type voient le jour à cette époque et marqueront la mémoire de ses téléspectateurs, à l’image de Vive la vie, Le Jeune Fabre, Adieu mes quinze ans ou encore Janique Aimée. Tous ces programmes racontent des vies douces auxquelles chacun peut s’identifier, mettant en scène des gens simples et ordinaires. Mais d’autres programmes préfèrent jouer sur l’attrait traditionnel du public pour le fait divers, comme le faisaient Les Cinq dernières minutes et qui a rencontré un immense succès populaire.

La grande majorité de ces feuilletons, policiers ou non, sont français et naturellement inédits. Ces programmes sont conçus pour la télévision et conduisent les téléspectateurs à se retrouver à heure fixe devant leur poste, entretenant ainsi les liens sociaux communautaires (de voisinage, familiaux, etc.). Ces grands-messes unificatrices vont ainsi remplacer les télé-clubs, petits cinémas collaboratifs qui permettaient aux habitants locaux de visionner collectivement les programmes télévisés.

Au-delà des contenus sériels, la télévision propose des magazines d’actualité (Le quatrième mardi) qui généralement évoquent des faits de société (ex: constructions immobilières dues à l’arrivée massive de citadins à la montagne).

«Surtout, les Français demeurent curieux de leur pays et de ses habitants, beaucoup ayant à cœur de mieux le connaître grâce à divers reportages.En outre, la télévision surfe sur l’attachement des Français à leur région et propose des émissions de variété fondées sur la compétition entre des villes ou des régions françaises (Les jeux de 20h).

En 1992, tout a changé: outre une plage horaire globale plus longue, on constate que la France et les programmes français ne constituent plus la clé de voûte de la télévision. Les programmes américains, autrefois rares, sont devenus légion. Et lorsqu’il ne s’agit pas de simples diffusions de séries étrangères, ce sont des émissions françaises qui reprennent les concepts venus d’outre-Atlantique (Une famille en or). Quant aux dessins animés destinés à la jeunesse, une partie non négligeable d’entre eux deviennent japonais. Surtout, le divertissement, qui marque la fin de la télévision éducative, s’affiche nettement. Une myriade de programmes nourrit un sensationnalisme et un sentimentalisme qui titillent le voyeurisme latent du téléspectateur.

Et un nouveau pas sera encore franchi au début des années 2020: les programmes américains n’occuperont plus une plage horaire si large à la télévision, mais l’on constate qu’ils ont insidieusement renouvelé les fictions et émissions françaises. Le retour massif des séries françaises dans les années 2010-2020 s’accompagne en effet d’une imprégnation profonde de la culture américaine. Les manières de jouer des comédiens, la mise en avant des émotions, la grandiloquence des sentiments ou encore la mise en avant d’une police experte en attestent.

On remarque également que les séries ont envahi le petit écran, remplaçant même parfois la diffusion de films en début de soirée. Elles se mêlent aux multiples téléréalités diffusées à la télévision depuis les années 2000. Les émissions de téléréalité se sont en effet multipliées sous diverses déclinaisons (ex: «Familles nombreuses: la vie en XXL»), s’installant durablement à la télévision et se rapprochant du format sériel. Le genre sériel a aussi inondé d’autres contenus télévisuels («séries de dessins animés») et conduit à la création de séries quotidiennes présentes à l’écran toute l’année.

Dans ce droit fil, les séries sont désormais rangées par saisons et par numéros d’épisodes. Objets de consommation ordinaires, elles sont souvent rediffusées (ex: tous les lendemains matins suivant la diffusion), tout comme le sont beaucoup de programmes de deuxième partie de soirée, voire de prime time. Les programmes télévisés actuels montrent également la place accordée par certaines chaines à des superproductions américaines traditionnellement destinées aux enfants ou aux adeptes de la culture geek (diffusion sur TF1 de Wonder Woman, Spider-Man, etc.).

«En revanche, les émissions pour enfants ont quasiment été écartées des grilles de programme.

Reléguées à des chaînes dédiées, elles faisaient pourtant les belles heures des grandes chaînes de télévision: en 1987 par exemple, entre 9 heures et 11h 30-12h, TFI programmait Dorothée matin quand Antenne 2 diffusait Récré A2. Déjà dans les années 1960-1970, «L’Île aux enfants», «Bonne nuit les petits» ou «Le Manège enchanté» accompagnaient les enfants. Par ailleurs, le journal Tintin sélectionnait différents programmes enfantins: concert de Strawinski, Voyages sans passeport (série documentaire sur les voyages à travers le monde), La piste aux étoiles (cirque), Histoire d’un instrument.