Orientation de l'attention
Les facteurs d’orientation de l’attention
Le système attentionnel est influencé par différents facteurs, à l’instar de l’émotion, de la motivation ou encore de l’orientation vers un but. L’attention peut être améliorée par le stress (Broadbent, 1971), qui compense un état d’attention diminué. Cependant, l’excès de stress réduit les performances individuelles. De plus, le stress accroît seulement l’attention sur une tâche, les tâches secondaires étant écartées.
Aussi, nos représentations, nos jugements subjectifs (qui considèrent ou non pertinentes les informations) et les caractéristiques visuelles du champ perceptif jouent un rôle sur l’attention.
Certains stimulus extérieurs (ex: apparition soudaine d'un objet, une lumière s'allume soudain) peuvent attirer l’attention (attention exogène;sélection bottom-up, du bas vers le haut), tout comme certains besoins intérieurs (ex: faim) nous conduisent à nous intéresser à un objet (ex: nourriture) (attention endogène;sélection top-down, du haut vers le bas). L’attention exogène prépare l’organisme à réagir à une information nouvelle et interrompt la tâche en cours pour déclencher le processus d’alerte phasique; c’est par exemple le cas lorsqu’un objet tombe et que nous le rattrapons in extremis. Il s'agit donc de répondre rapidement aux modifications de l’environnement. En revanche, si ce mécanisme bottom-up fonctionne mal, il peut entraîner des phobies.
A l'inverse, le mécanisme top-down permet au sujet de diriger son attention vers une information en fonction des connaissances qu'il a stockées en mémoire. Cette attention endogène est volontairement orientée dans une direction spécifique, vers un stimulus déterminé. Elle résulte d’une décision du sujet. Contrôlée et longue, elle permet d’identifier la nature de la perception.
Processus automatiques et contrôlés
Broadbent considère que la réalisation complète et simultanée de deux tâches est impossible. Pourtant, les travaux de Posner et Snyder (1975) et de Schneider et Schiffrin (1977) ont montré que le traitement de l’information pouvait être complet et automatique.
En effet, la pratique prolongée d’une activité peut conduire au développement de processus automatisés qui vont réduire la demande attentionnelle. Par exemple, plus nous conduisons, plus conduire devient facile et automatique. Et pour cause, la pratique permet d’automatiser certaines tâches, ce qui a pour effet de réduire l’effort attentionnel à fournir pour les accomplir. En revanche, lorsque des situations sont nouvelles, l’individu doit exercer un contrôle cognitif qui nécessite davantage de ressources.
L’attention demande des ressources mentales plus ou moins importantes selon la qualité du stimulus (netteté, etc.). Il faut donc que le sujet fasse un effort attentionnel dans certaines situations.
Il existe donc des traitements automatiques, non intentionnels et nécessitant un faible effort cognitif, et des traitements contrôlés, intentionnels et ne permettant pas d’autre traitement lorsque l’effort cognitif est trop important.
Le traitement contrôlé ne serait pas consécutif à une étape automatique, mais simplement une autre façon de traiter l’information.
Les processus automatiques
Les processus automatiques sont des processus exogènes rapides. Ils fonctionnent en parallèle (en même temps) et de façon non consciente. En effet, ils peuvent être exécutés simultanément à une activité contrôlée car ils consomment peu de ressources attentionnelles.
L’automatisation de certaines tâches permet d’affecter les ressources cognitives résiduelles à des tâches contrôlées. En effet, lorsqu’une tâche à effectuer est devenue routinière et efficace, celle-ci nécessite peu de ressources attentionnelles conscientes. La tâche est ainsi réalisée de façon automatique et n’interfère pas avec l’activité mentale, conservée pour une autre tâche.
L’automatisation résulterait de l’accumulation d’informations spécifiques liées à une tâche durant l’apprentissage (Logan, 1988): les réponses répétées à des situations créeraient en effet des exemplaires de chaque situation stockés en mémoire. Ainsi, les automatismes activeraient des schémas déjà utilisés pour traiter des informations similaires. L’individu récupèrerait donc des solutions déjà stockées en mémoire, ce qui réduit sa charge de travail sans effort conscient (Chandler et Sweller, 1996) et permet d’effectuer plus rapidement une tâche.
Une fois intégrés, ces processus automatiques sont impossibles à supprimer. De plus, une fois le processus automatique enclenché, d’importantes ressources doivent être mobilisées pour l’arrêter.
Les processus contrôlés
Les processus contrôlés sont relativement lents et limités à certaines informations. Ils résultent d’une attention volontaire, explicite et consciente, qui résiste à la distraction. En effet, il s’agit d’opérations non familières réalisées étape par étape (ex: prise de décision). Elles sont donc complexes pour les individus, et réclament beaucoup de ressources attentionnelles. Ainsi, elles ne peuvent pas être exécutées simultanément avec une autre activité contrôlée.
A l’inverse des processus automatiques, les processus contrôlés sont facilement interrompus. Au fil du temps, et avec la pratique, ces processus contrôlés peuvent conduire à la construction de processus automatiques. En effet, avant que certaines tâches ne deviennent automatiques et inconscientes (ex: faire ses lacets), il a fallu les apprendre de façon consciente, à travers un processus contrôlé. Ce n’est qu’avec la répétition que ces activités deviennent automatiques.