Ecrans et attention

Les écrans sont consultables partout et tout le temps. Parfois, ils s’imposent à nous via dans la rue ou dans les magasins. Ils servent à calmer l'enfant agité, mais aussi à éviter l'angoisse de la solitude chez l'adulte (qui passe en moyenne 8h par jour devant un écran). Or l'utilisation de ces écrans ne seraient pas sans danger sur les petits enfants et prend plus généralement du temps sur des activités jugées plus enrichissantes (interactions humaines et familiales) autant que cela favorise la passivité intellectuelle, l’absence de réflexion sur soi et son environnement (nul besoin de se questionner, d'imaginer). En effet, les écrans entravent la survenue de l'état cérébral activé lorsque l'on ne fait rien et qui induit notamment des métacognitions.

Laisser les enfants et les adolescents face à des écrans relèverait de la maltraitance. Et pour cause, ils ont des effets négatifs sur l'attention, sur les capacités d'apprentissage, la concentration (Michel Desmurget).

Cela se comprend facilement en raison de la rapidité du rythme de changement des images lumineuses et bruyantes, qui sollicitent l’attention captée : par ce mode passif, l'attention est captée par les stimuli produits dans l’environnement. Les enfants sont comme aimantés par les images qui exercent sur eux un attrait irrésistible. Même sans la regarder, la télévision allumée va capter leur attention par intermittence et ainsi interrompre leurs activités, qui dès lors ne sont plus effectuées de façon continue. Cela peut affecter sa capacité de concentration, qui se construit dès la toute petite enfance. Or les défauts de cette capacité peuvent entraîner des difficultés d'apprentissage et des troubles de l’attention associés à de l’hyperactivité (tdah). https://www.cairn.info/revue-spirale-2021-3-page-139.htm

Le temps consacré aux écrans est directement associé à une exacerbation des symptômes du trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez les adolescents. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2021561/temps-ecran-symptomes-tdah-etude-ste-justine

Aussi, la dépression, les troubles anxieux, la phobie sociale (c’est-à-dire une timidité exacerbée) et le trouble de déficit de l’attention/hyperactivité sont souvent associés à un usage problématique de jeux vidéo ou d’Internet. https://theconversation.com/les-adolescents-face-aux-ecrans-faut-il-repenser-le-discours-de-prevention-129675

Les écrans constituent en effet un important distracteur et jouent donc un rôle très important dans le déficit d’attention.

Des études ont révélé l'impact fortement négatif des écrans sur le développement cognitif de l’enfant de moins de 3 ans (langage, attention, difficultés au niveau socio-relationnel). De même, il a été démontré que "9 minutes de dessins animés avant d’aller à l’école suffisent à diminuer les capacités d’attention pendant les heures qui suivent chez des enfants de 4 à 6 ans". Chez les adolescents, ceux qui passaient le plus de temps devant un écran à 14 ans étaient ceux dont les capacités attentionnelles étaient les moins bonnes à 16 ans. https://bice.org/fr/interview-les-effets-deleteres-des-ecrans-sur-les-enfants/

De plus, les images proposés par les écrans défilent sans pouvoir être arrêtées, expliquées. Elles ne peuvent être assimilées par le cerveau des petits enfants, qui se trouve alors en surcharge cognitive. L'épuisement de leurs ressources attentionnelles par trop de sollicitations captives entrave le neurodéveloppement de l'enfant. https://bice.org/fr/interview-les-effets-deleteres-des-ecrans-sur-les-enfants/

Or les enfants ont besoin d'activités qui structurent leur capacité d’attention dirigée, de concentration. Ce type d'attention, active (sélection volontaire de l'information par le cerveau et exclusion des interférences), s'oppose à la passivité face à un écran, devant lequel l'enfant n'a ni le temps ni les moyen d'y exercer une quelconque action, à la différence d'un objet qu'il manipule, sent ou écoute volontairement pour en découvrir les caractéristiques. Cette passivité, et cette absence de réflexion permise par les écrans est notamment saillante chez les médias sociaux, qui en suscitant une simulation rapide, impliquent très peu d'interactions avec le contenu et très peu d'efforts cognitifs pour interagir. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2021561/temps-ecran-symptomes-tdah-etude-ste-justine

Pourtant, des études ont montré que les enfants jusqu’à 3 ans apprennent mieux d’une personne qui s’exprime face à eux qu'à travers un écran. https://bice.org/fr/interview-les-effets-deleteres-des-ecrans-sur-les-enfants

Il conviendrait donc que les écrans ne réduisent pas le temps consacré aux activités qui structurent l'attention dirigée et sont essentiels au développement de l'enfant (expérimenter avec tous ses sens, explorer, se déplacer, goûter, apprendre avec son corps, en étant actif et acteur, etc.). Son entourage doit soutenir la continuité dans son activité, ce qui l'inscrit dans un cadre relationnel sécurisant opposé aux écrans, dont les images ne peuvent être partagées, racontées et qui le confrontent à sa solitude. https://www.cairn.info/revue-spirale-2021-3-page-139.htm

Toutefois, les écrans peuvent être source de plaisir, d’émotion, de découverte, d’acquisition si les programmes sont choisis, adaptés aux intérêts et aux capacités de l’enfant, et si leur utilisation est limitée. D'aucuns préconisent d'améliorer la concentration en décomposant une tâche complexe en "mini-missions", en ne gardant qu'un objectif (afin d'éviter d'avoir deux intentions contradictoires), etc. https://www.rcf.fr/articles/bien-etre-et-psychologie/troubles-de-la-concentration-estce-la-faute-aux-ecrans

Pour aller plus loin :

Conférences sur le thème : "Quels sont les effets des écrans sur le développement des enfants et des adolescents ?" (Séminaire du Centre Jean Piaget) https://www.youtube.com/playlist?list=PLlZdvmQB3mW5U8ZvngNQxvh57Eb-9aAB3

«Un mois sans écrans : qui craquera en premier ?», Brut. https://www.youtube.com/watch?v=qfQ87SxEucQ