Les différentes formes d’attention

L’attention est la focalisation de l’activité sur une ou plusieurs tâches. C'est la “prise de possession par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent possibles. Elle implique le retrait de certains objets afin de traiter plus efficacement les autres” (William James, 1890), et donc la sélection d’informations pertinentes pour le sujet et son maintien dans une activité plus ou moins longue. Elle l’oriente ainsi dans une direction précise (ex: la focalisation de l’attention sur un bruit soudain permet de prévenir d’un danger), sélectionne certains stimuli ou activités mentales spécifiques, ce qui permet d’anticiper l’action, d’agir plus rapidement, mais aussi d’améliorer le traitement de l’information sur laquelle on choisit de se concentrer.

La vitesse d’augmentation des erreurs effectuées au cours d’une journée ou d’une tâche est représentée par une courbe caractéristique en cloche (la loi de Yerkes-Dodson). Cette courbe montre que pour une tâche donnée, la performance croît pour atteindre un optimum de performance avant de décroître. De même, la loi de Yerkes-Dodson montre la faiblesse de l’attention au réveil et à la fin de la journée.

Porter son attention sur quelque chose implique de sélectionner certains éléments parmi toutes les informations qui nous parviennent. Cette sélection peut être effectuée en fonction du type d’information recherché (attention sélective) ou selon le temps de focalisation (attention soutenue). Cependant, la sélection n’est parfois pas judicieuse car l’attention doit être également répartie entre plusieurs sources différentes (attention partagée).

L’attention sélective est celle qui permet de se focaliser sur une information plutôt que sur une autre, d’effectuer un tri entre les différents éléments en présence. Elle conduit donc le sujet à concentrer son attention sur une seule source et à ignorer les autres. Lors d’un diner, notre attention peut être focalisée sur une conversation, ce qui permet de faire abstraction des autres. Malgré cela, si l’on entend soudain notre nom, notre attention va être attirée. C’est ce que l’on appelle le phénomène “Cocktail party” (Cherry, 1953).

Ce type d’attention se distingue de la concentration car il permet de sélectionner les informations qui nous intéressent. Cela nécessite de diriger ses ressources mentales sur une activité afin d’améliorer la clarté de l’information perçue. Cette focalisation de l’attention, notamment sur une tâche complexe, limite cependant la perception d’informations nouvelles.

L’attention sélective permet de se concentrer sur un stimulus spécifique tout en inhibant la perception des stimuli environnants jugés non pertinents. Elle inhibe ainsi les inputs sensoriels parasites afin de se focaliser sur les plus importants pour la tâche à accomplir (Mostofsky, 1970).

Il a été démontré que lorsqu’on demande à des sujets de focaliser leur attention sur un échange de balles entre joueurs, la moitié d’entre eux ne remarquaient pas qu’une femme déguisée en gorille traversait en même temps la scène (Simons et Chabris, 1999). C’est ce que l’on appelle la cécité d’inattention. Elle se distingue de la cécité au changement, qui résulte de l'absence de perception d’un changement dans notre environnement. C'est ce qui est constaté dans diverses expérimentations, notamment lors desquelles un expérimentateur demandait son chemin à des inconnus dans la rue. Puis, durant la conversation, deux ouvriers complices passaient avec un grand panneau entre les protagonistes; pendant ce temps, l’expérimentateur s’en allait discrètement pour être remplacé par un autre. Lorsque le panneau était passé, la plupart des inconnus continuait de parler avec l’expérimentateur comme s’il s’agissait de la même personne.

Attention sélective

L’attention sélective est étudiée grâce à l’écoute dichotique. Cela consiste à faire écouter à des sujets un ou deux messages dans un casque stéréo. Au départ, un seul message va être envoyé aux deux oreilles; puis, on envoie deux messages simultanément aux deux oreilles et on demande aux sujets de se focaliser uniquement sur l’un des messages en le répétant à voix haute. Enfin, on cherche à savoir ce que les sujets ont retenu du message diffusé dans l’oreille inattentive. On constate alors que les sujets savent si le message est délivré par un homme ou une femme, ou encore s’il s’agit d’une musique; ils se souviennent donc des éléments superficiels. En effet, le message parvenant à l’oreille inattentive n’est pas traité en profondeur. De plus, les sujets ne parviennent plus à se souvenir de rien lorsque le rappel a lieu 20 secondes plus tard.

D’autres recherches ont porté sur la détermination du niveau où intervient l’attention. Dans ce cadre, certains chercheurs considèrent que l’attention survient avant toute analyse supérieure: on se focalise sur un objet avant de pouvoir l’identifier. A l’inverse, certains postulent pour une identification préalable des objets avant qu’intervienne l’attention (théories tardives). Dans ce dernier cas, l’utilisation d’informations stockées en mémoire permet de diriger son attention vers des objets déjà identifiés. L’intervention précoce ou tardive de l’attention serait fonction de la charge perceptive (Treisman, 1992) ou de la familiarité de l’information (LaBerge, 1995). Par exemple, la lecture d’un texte composé de mots familiers pour le lecteur nécessite moins de ressources attentionnelles, ce qui la rend plus aisée.

L’attention partagée (divisée)

L’attention partagée est celle qui permet de traiter un ensemble d’informations en même temps (ex: prendre des notes tout en écoutant un professeur). On parle d’attention divisée car elle permet de traiter simultanément plusieurs stimuli, ce qui est utile dans les tâches dites de flexibilité mentale.

L’attention partagée permet donc de percevoir différentes informations issues de plusieurs situations, sans toutefois focaliser son attention sur l’une d’elles en particulier. De cette façon, le cerveau assimile une connaissance globale sur une situation qui comporte de nombreuses informations liées ou non entre elles. Cependant, il est alors difficile de se remémorer avec précision une seule de ces informations. Aussi, lorsque plusieurs tâches doivent être exécutées simultanément et nécessitent de la concentration, la performance est moins bonne: soit chaque tâche est moins bien réalisée (car les ressources attentionnelles ont été mobilisées de façon équivalente pour les deux tâches), soit l’une des deux tâches n’est pas réalisée (Broadbent, 1954). La performance est d’autant plus limitée que l’interférence entre les tâches est importante.

L’attention soutenue

L’attention soutenue est celle qui mobilise une attention relative dans la durée. C’est l’exemple du veilleur de nuit, qui doit rester attentif dans un environnement calme. Elle est donc impliquée dans les activités simples et de longue durée, mais aussi dans la détection de faibles modifications au sein d’une situation donnée. Elle permet ainsi de maintenir une certaine intensité attentionnelle lors d’une tâche longue ou ennuyeuse. Il s’agit d’un contrôle volontaire et conscient qui permet la coordination d’informations.