Mai 68
Il est interdit d'interdire !
Mai 68 a été l’un des mouvements sociaux français les plus importants, que cela concerne les étudiants ou les ouvriers. Dans différents pays du monde, tels que l'Allemagne, le Brésil, l'Italie, la Tchécoslovaquie et le Japon, plusieurs manifestations d'étudiants ont également lieu ce même printemps. Mais c’est bien la France qui va connaître une grande révolte étudiante, et la plus grande grève générale depuis 1936.
Causes
Elles se situent à la fois sur le plan social, économique et culturel selon que l'on considère les revendications des étudiants ou celles des ouvriers.
Etudiants
Les jeunes condamnent l'impérialisme nord-américain face à l'atrocité de la guerre du Vietnam.
Ils s'opposent à la dégradation de leurs conditions matérielles : la vétusté et le manque d'universités par exemple.
Ils dénoncent la rigidité du pouvoir en général (absence de mixité dans les écoles, système des diplômes injuste, absence de libertés individuelles...
Ils découvrent également la très grande misère près des universités, notamment à Nanterre où il existe encore des bidonvilles.
Ils rejettent la société de consommation dans son ensemble.
La situation de guerre froide entre les capitalistes et les communistes fait naître des idées anti-nucléaires chez les jeunes.
Certains militants critiquent le PCF pour son manque de prise de position envers l'URSS quant à l'existence des goulags.
Quelques groupes de jeunes comme les scouts de France décrient la rigidité du Vatican (refus de la contraception...).
Ouvriers
Après la période euphorique des "30 glorieuses" qu'a représenté la reconstruction de la France après la seconde guerre mondiale, la France connaît une détérioration de sa situation économique : montée du chômage, baisse des salaires (les plus bas de la CEE)...
Dès 1967 et début 1968, les ouvriers font la grève et occupent des usines.
La classe ouvrière revendique une hausse de leur salaire et une diminution de la durée du travail (52 h par semaine à cette période).
Les ouvriers veulent mettre fin à l'autoritarisme des patrons.
Les ordonnances décrétées en 1967 sur l'aménagement de la sécurité sociale doivent selon eux être abrogées.
Chronologie des évènements
22 mars 1968 : l'université de Nanterre est occupée suite aux arrestations de jeunes lors de manifestations contre la guerre du Vietnam. Certains se distinguent dès ce jour, comme Daniel Cohn Bendit, Serge July et Bernard Henri-Lévy. Ils revendiquent une liberté d'expression politique. Dès mars, des affrontements avec les forces de l'ordre ont lieu.
2 mai : suite à ces incidents, le doyen de l'université de Nanterre suspend les cours et ferme la fac de lettres.
3 mai : les étudiants quittent Nanterre et occupent la Sorbonne. Ils sont alors évacués de force par la police. Les étudiants réagissent en manifestant violemment contre les forces de l'ordre (jets de pavé, barricades, slogans...). Le quartier latin est en état de siège. Le recteur ordonne la fermeture de la Sorbonne. Bilan de ces affrontements : de nombreux blessés et des arrestations.
4 mai : les pro-chinois présents au début des évènements, se désolidarisent du mouvement jugeant que la situation a déjà été trop loin.
6 mai : le mouvement gagne les universités de province.
10 mai : nuit des barricades dans le quartier latin et affrontements contre les CRS.
11 mai : quelques paysans sont solidaires aux étudiants.
Après avoir critiqué le mouvement des jeunes, le PCF tente de rallier les ouvriers aux étudiants.
14 mai : la première grève dans une usine a lieu à Sud-Aviation près de Nantes.
Le 1er ministre, Pompidou exige que la police quitte la Sorbonne pour calmer la situation. Il propose la dissolution de l'Assemblée Nationale afin d'organiser les élections législatives. De Gaulle n'intervient pas.
16 mai : une cinquantaine d'usines dont Renault, sont occupés par les ouvriers.
25 mai : on dénombre neuf millions de grévistes (déjà 6 millions en 1936). Une grève générale paralyse la France puisqu'elle touche tous les secteurs (pénurie d'essence, téléphone, agriculture, lieux culturels...).
27 mai : les accords de Grenelle (négociations organisées par Pompidou) sont signés mais la grève continue.
29 mai : De Gaulle part en Allemagne pour y rencontrer le Général Massu.
30 mai : il dissout l'Assemblée Nationale.
Une marche a lieu pour soutenir le président et protester contre ce mouvement social.
mi-juin : la Sorbonne est évacuée. Le travail reprend presque partout en France.
30 juin : victoire des gaullistes aux élections législatives.
Conséquences de mai 68
Amélioration des conditions de travail
Les accords de Grenelle ont amélioré les conditions de travail des ouvriers :
- augmentation du SMIC de 35 % (600 F par mois), hausse de 10 % des salaires, création d'une section syndicale d'entreprise, 4ème semaine de congés payés.
Influences sur le plan socio-culturel
- valorisation de l'individu, de sa créativité, refus de l'autorité, libération sexuelle avec l'arrivée des contraceptifs, du mouvement féministe MLF, qui permettra en 1975, la loi sur l'avortement, dénonciation des régimes communistes, à l'école, l'enfant peut désormais s'exprimer et participer aux décisions.
Influences sur le plan économique et social
- création du système d'auto gestion d'entreprise, remise en cause de l'armée et du nucléaire, avec l'apparition de mouvements écologiques, sur le plan religieux, bouleversement dû au refus du Vatican de la contraception, au mouvement de prêtres ouvriers. On constate une diminution du nombre de pratiquants.
Les Français adoptent progressivement une position critique à l'égard de la politique et se méfient du militantisme politique. Lors du référendum sur la régionalisation par lequel le général De Gaulle veut décentraliser les lieux de décisions et modifier le rôle du Sénat, il promet de quitter la présidence si les français optent pour le "non". Dès le résultat du référendum, De Gaulle part.
Quelques slogans de mai 68
- les murs ont la parole
- CRS = SS
- cours camarade, le vieux monde est derrière toi
- la base doit emmener la tête
- on ne revendiquera rien, on ne demandera rien, on prendra, on occupera
- soyez réaliste, demandez l'impossible...
Conclusion
Mai 68 marque une ouverture brutale de la culture française au dialogue social et médiatique. C'est une étape importante dans la prise de conscience de la mondialisation de cette société moderne, et une remise en cause de la société de consommation.