Littérature du XVIIe siècle

Après l’optimisme de la Renaissance, le XVII fait face à une prise de conscience après les grandes découvertes du siècle précédent : l’homme n’est plus au centre de l’univers et d’autres religions et civilisations coexistent dans le monde.

Le baroque

Grand mouvement s’épanouissant dans de nombreux domaines (peinture, littérature, musique, etc.), le baroque s’étend à la poésie, au théâtre et au roman.

La poète baroque est un solitaire qui relate ses sentiments et rêve d’écrire librement ; l’écriture est subtile et raffinée, évoquant les amours impossibles en utilisant des images. Il évoque aussi leur peur de la mort, la fragilité humaine et le caractère éphémère de la vie. La poésie baroque est ainsi marquée par la conscience de l’instabilité du monde et des hommes et par la nature.

Le théâtre baroque met en scène des amours contrariés faisant état de retrouvailles, de séparations, etc., mais n’hésite pas à mettre en avant des scènes violentes (morts, sang). Il utilise les faux-semblants et les jeux de masques, tel que Clindor dans L’Illusion comique de Corneille. Il ne respecte pas les règles de la bienséance.

Le roman baroque se fonde également sur l’instabilité du monde, mais adopte un point de vue satirique. On peut citer Scaron et son Roman comique, qui relate les aventures de comédiens dans une vie provinciale caricaturale.

Le roman et la poésie précieuse

La préciosité est un art de vivre de l’époque ; née dans les salons mondains, elle recherche le raffinement dans tous les domaines. C’est ainsi que naitra la mode des salons, remplis par les femmes de la noblesse puis par celles de la bourgeoisie ; ils permettent d’évoquer les thèmes littéraires (jeux littéraires comme les énigmes, ou présence d’écrivains comme Corneille). Le poète Voiture fut un personnage important de ces salons en raison de son humour spirituel et raffiné.

Les poèmes précieux sont pleins de subtilités de langage. Les romans quant à eux explorent de nouvelles façons d’aimer, de nouvelles façons de concevoir l’amour (L’Astrée, H. d’Urfé).

Classicisme

Théâtre

Les théoriciens, s’inspirant des Arts poétiques d’Aristote et d’Horace, fixent les règles du théâtre classique, celles des trois unités : unité de temps (la durée de doit pas dépasser 24h), unité de lieu (l’action se situe dans le même lieu), unité d’action (une seule intrigue). Les bienséances doivent également être respectées, tout comme la vraisemblance.

Racine et Corneille ont marqué les grandes tragédies de l’époque. Ils diffèrent l’un de l’autre en ce que le premier « décrivait les hommes tels qu’ils sont. », alors que Corneille les « décrivait tels qu’ils devraient être ».

  • Corneille : ses personnages sont confrontés à des cas de conscience, tiraillés entre leur honneur et leur bonheur, manifestant ainsi sa croyance dans la grandeur de l’homme. Il écrit Le Cid (Rodrigue et Chimène doivent venger leur père) ou encore Cinna (Emilie veut venger leur père). Ses héros doivent accomplir quelque chose de noble, de vertueux. Ils ont une volonté à toute épreuve, marquée par le dévouement. Corneille aime jouer avec les oxymores, comme il le fait dans le Cid : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles ».
  • Racine : marque ses pièces par sa vision tragique du monde et la faiblesse des hommes, aveuglés par leurs passions (Phèdre, obsédée par son amour provoque des actions déraisonnées). Il a écrit Andromaque ou encore Britannicus. Racine met en scène des personnages plus naturels que jamais ; il montre la compassion, l’émotion (« la principale règle est de plaire et de toucher »). On voit à travers ses pièces la terreur, la faiblesse de l’homme. Racine ne fait pas rêver, mais il dresse un portrait humain.
  • Molière (Jean Baptiste Poquelin) : reprend les caractéristiques de la farce tout en y ajoutant une note satirique pour montrer les excès et les absurdités de la société contemporaine (hypocrisie, avarice). Il a écrit de grandes œuvres comme Les précieuses ridicules, L’Ecole des femmes, Dom Juan, Le Médecin malgré lui, Le Bourgeois gentilhomme, L’Avare ou encore Le Malade imaginaire. La Comédie française a rendu hommage à son œuvre (sur le buste à son effigie, « Par sa clarté, son bon sens, sa vérité et sa gaieté, il est un des représentants les plus caractéristiques du génie français ».

Roman

François de la Rochefoucauld écrit ses Mémoires. Par ses œuvres, il montre les vices humains.

  • Evoquant la sincérité, il dit que « celle que l’on voit d’ordinaire n’est qu’une fine dissimulation pour attirer la confiance des autres ». De même, il dit que « L’intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé ».

Madame de la Fayette écrit La Princesse de Clèves, considéré comme l’un des premiers romans français. Il s’agit d’un roman psychologique, à la base duquel se trouve la description de la société aristocratique de l’époque.

  • L’ouvrage marque un tournant dans l’histoire du roman français en ancrant la fiction dans un contexte historique.

Les moralistes

Plusieurs auteurs de l’époque cherchent à comprendre et à montrer l’homme tel qu’il est.

  • La Fontaine : célèbre pour ses Fables, inspirées des fables d’Esope, il utilise les animaux pour dépeindre avec lucidité les défauts humains, en dénonçant la violence ou encore l’hypocrisie. La Fontaine manie les mots et les phrases avec une grande aisance : il écrit des vers gais, mais aussi des vers qui expriment une profonde tristesse. Il utilise des styles particuliers, pour exprimer la déception ou ajouter de l’humour. Les morales de ses Fables sont parfois ambigües voire contradictoires. Jean de la Fontaine a été admiré par nombre de ses contemporains (Madame de Sévigné trouvait ses fables « divines »).
  • Pascal : dans ses Pensées, il s’attache à évoquer la « misère de l’homme sans Dieu », qui s’évade par le divertissement pour éviter de s’intéresser à sa condition. L’homme est faible, ce n’est « qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant » ; il attache ainsi beaucoup d’importance à la pensée de l’homme. Par son « esprit de géométrie », Pascal a occupé une place particulière au sein de la littérature : sa rigueur et sa logique s’opposent à l’imagination désordonnée. Il a par exemple montré que les petites choses pouvaient avoir une réelle importance : « Le nez de Cléopâtre s’il eut été court, toute la face de la terre aurait changé ».
  • Nicolas Boileau : il écrit Art Poétique. Sa poésie se caractérise par la mesure et l’ordre, ainsi que par la recherche éperdue de la vérité : « Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime […] Avant donc que d’écrire apprenez à penser. »
  • La Rochefoucauld : il révèle l’importance de l’amour-propre et les fausses vertus de l’homme (« nos vertus ne sont, le plus souvent, que des vices déguisés »).
  • Bossuet, dans les Oraisons funèbres, entend donner des leçons aux vivants grâce aux morts. Membre de l’Académie française, il veut donner des leçons de tradition.
  • Fénelon quant à lui écrit Télémaque, pour son élève, le duc de Bourgogne. A la recherche de la paix et du bonheur des hommes, il séduit ses contemporains.
  • Jean de La Bruyère, dans Caractères, expose sa vision de l’homme, dans ses traits les plus grossiers. Il décrit par exemple le glouton en exagérant les faits. De même, il montre la vie des hommes de la campagne dans De l’Homme ; ces hommes semblent être des animaux, mais « quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine et en effet, ils sont des hommes ».