Une limitation de l’accès à l’information ?

On sait désormais que les populations peu ou pas touchées par l’industrialisation seraient moins enclines à développer certaines maladies considérées « occidentales », comme les accidents cardio-vasculaires, l’obésité ou les cancers. Pourtant, peu de gens s’interrogent sur les causes de ces différences. Y aurait-il désinformation ?

En 1936, un congrès sur le cancer se tient à Bruxelles. Les spécialistes de la question les plus éminents y concluent alors que le cancer n’est pas une maladie héréditaire et que les substances comme l’amiante, les colorants synthétiques ou le benzène étaient cancérigène pour les humains. Mais malgré les connaissances de l’époque, les recommandations des scientifiques sont ignorées, les industriels ayant très tôt mené une longue campagne contre la recherche indépendante.

Aujourd’hui, les esprits sont brouillés par le flot d’informations et d’études contradictoires. Lorsque l’Etat a pu mettre en avant les bienfaits du sucre lors de la semaine du goût, ou lorsque les femmes qui sortent de la maternité croient que les prospectus qu’on leur offre sont élaborés par des professionnels alors qu’ils sont écrits pas des industriels, on comprend que la confusion règne.

Les études scientifiques sont en effet souvent contradictoires, et beaucoup de rapports mettent en avant ces discordances. Sur la nocivité des ondes électromagnétiques, alors que certaines sont alarmistes, la Fédération française des télécoms ou l’Agence nationale de sécurité sanitaire estime qu’aucun effet sanitaire n’a été réellement constaté. De la même façon le site de l’entreprise Coca Cola affirme que « le sucre n’est pas une substance addictive » et que l’aspartam peut être consommé sans danger, allant ainsi à l’encontre des études sur les souris cocaïnomanes et de celles qui montrent la nocivité de l’aspartam. Les débats sur la dangerosité de ces produits sont les mêmes qu’il y a 50 ans pour l’amiante, l’essence au plomb ou le tabac. Pour reprendre les termes de Devra Davis recueillis par Marie-Monique Robin, le but du Comité de la recherche de l’industrie du tabac (créé par les industriels du tabac) était « de créer le doute » : « l’afflux d’argent maintiendra artificiellement une illusion de débat scientifique, permettant à l’industrie de dire que la question de la dangerosité du tabac n’est toujours pas réglée ».

Et lorsqu’un scandale s’annonce, l’inquiétude des consommateurs est, dans la mesure du possible, apaisée par l’éloignement des risques. Ainsi, l’aspartam avait été remplacé par du stévia dès que les effets nocifs de l’aspartam avaient été mis en évidence.

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