Durkheim

Sociologue français contemporain de la IIIème République, Emile Durkheim a apporté des concepts essentiels à la sociologie. Il a fait connaître la discipline de la population française, alors encore peu ouverte à ce domaine.

Pour Durkheim, les domaines comme la géographie, ou l'histoire, ne sont que les parties d'une entité globale, les sciences sociales. Pour atteindre cette globalité, il faut tout d'abord appréhender la masse sociale, sa population ; puis il faut déterminer lesmouvements sociaux comme la famille, la religion qui leurs spécificités propres ; enfin il faut établir une synthèse de l'histoire de ces sociétés. Ainsi la sociologie deviendra une science autonome.

Une société déterministe

Les individus ne déterminent pas la réalité sociale; ils sont contraints par les faits sociaux. Ainsi, c'est la société qui impose aux sujets une manière de penser et d'agir. Durkheim rapporte les contraintes et coercition qui s'exercent sur les sujets et qui influencent leur comportement ; elles résultent de la formation de la conscience collective, qui rassemble l'ensemble des idées propres à la société dans son ensemble. La conscience collective diffère de la conscience individuelle, qui ne comprend que les sentiments personnel individuels.

Méthode sociologique

Présent au coeur de sa réflexion, ce concept est fondamental dans la sociologie de Durkheim. Il se propose tout d'abord de construire une science qui étudierait les faits sociaux. Ces faits sont perçus comme des entités supérieures situées hors des consciences individuelles. Un fait social doit donc reposer sur un facteur collectif, car il résulte d'une conscience non pas individuelle, mais sociale ; c'est la pression extérieure qui s'exprime sous la forme de sanction sociale et amène l'individu à effectuer telle ou telle action. Le fait social est nécessairement extérieur aux individus car sa temporalité est supérieure à la durée de vie humaine. Il faut donc étudier le fait social de façon extérieure, afin de ne pas y introduire de préjugés personnels.

Pour comprendre la sociologie, il faut comprendre les mouvements qui entourent le sujet, et non les sentiments individuels ; il faut donc étudier les normes auxquelles ils doivent se soumettre, et ce avec un point de vue objectif. Pour y parvenir, il définit plusieurs règles qui permettront de comprendre les phénomènes sociologiques.

  • Il est nécessaire de faire une distinction entre le normal et le pathologique, pour ne pas faire d'analyses sur des faits qui pourraient être accidentels. Ainsi, même si en réalité les phénomènes résultent de tous ces faits accidentels ou non, il ne faut garder que ce qui est significatif.
  • La comparaison dans le temps et dans l'espace permettra de fixer les concepts sociologiques.
  • Les phénomènes sociaux sont en relations les uns avec les autres. Ainsi, chaque analyse d'une action devra reposer sur l'étude d'une autre.
  • L'analyse doit être effectuée de manière objective, sans prendre en considération la conscience des individus.
  • Pour étudier un phénomène, il faut se baser sur des critères objectifs qui seront obligatoires pour élaborer une étude non subjective.

Durkheim utilise cette méthode dans son étude sur le suicide. Renonçant à tout jugement, et croyance qui montreraient que ce phénomène est personnel et isolé, il utilise comme base d'analyse les statistiques. Il cherche tout d'abord à savoir si les causes généralement mises en avant se vérifient (comme par exemple les troubles mentaux, climatiques, etc.) Il démontre ainsi que si certaines conditions favorisent un passage à l'acte, elle ne le déterminent pas. Il en tire la conclusion selon laquelle il est possible que les suicides soient fonction de facteurs environnementaux ; l'étude des contextes religieux, familiaux, économiques permettent en effet d'établir des facteurs sociaux qui diffèrent en fonction de la classe sociale à laquelle le sujet appartient. Ainsi, un célibataire, vivant en ville, et sans religion, se suicidera plus facilement qu'un autre.

Les problèmes de grande ampleur comme les crises et les guerres abaissent au contraire le taux de suicide (le malheur rapproche les individus). Enfin Durkheim conclu en établissant une généralisation de ce fait social : « le suicide varie en fonction inverse du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait partie l'individu ». On comprend ainsi que les causes de certains actes peuvent s'expliquer par la recherche de données objectives.

Etudes sur les mutations de la société

Durkheim affirme, dans De la division du travail social, ses craintes face à la survenue de la société industrielle. Il dénonce les forts changements qui l'ont accompagné : la conscience de l'homme s'est réduite à sa seule fonction et au seul mouvement collectif. Cela entraînerait un déclin des croyances en certaines valeurs et morales qui pourtant éveillaient auparavant les esprits.

L'ancienne « solidarité mécanique » des sociétés traditionnelles a ainsi laissé place à la « solidarité organique », caractéristique de nos sociétés ; la division du travail a conduit à une interdépendance entre les individus. Cela a pour effet d'accroître la socialisation, mais ce type de solidarité est totalement différent.

Toutes ces évolutions conduisent à l'émergence de phénomènes sociaux anormaux, comme le suicide. Durkheim montrera d'ailleurs le paradoxe de la normalité de ce fait de société.

Etudes sur le phénomène religieux

Selon lui, la société se fonde sur la religion. De la religion se seraient dégagés le droit, l'art, la politique, etc.

Durkheim compare nos sociétés à celles d'hier et montre ainsi que le totem symbolise l'appartenance à un groupe, mais aussi le Dieu ; ainsi Dieu et le groupe seraient une seule et même entité.

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