Norbert Elias

Marqué par les évènements de son pays durant le 20ème siècle, ce sociologue allemand a tenté d'élaborer une sociologie qui ne serait ni individualiste, ni holiste. Il a cherché à connaître l'origine de la modernité et les traits de cette évolution. Les premières organisations sociales définissant les prémices d'une société moderne remonteraient selon lui à la Renaissance, époque à laquelle les moeurs et les valeurs ont évolué.

Il cherche à comprendre la société dans son ensemble, dans sa complexité, et à savoir comment les individus, par des actions non déterministes pour la société, parviennent à la faire évoluer. Il veut comprendre les relations entre l'individu et son environnement.

Processus de civilisation

La civilisation est marquée par la privatisation de la vie émotionnelle et pulsionnelle. Les actes banals deviennent privés et tout est affaire d'intimité. Les comportements sont faits de retenue,d'auto-contrôle croissant des individus sur leurs propres actions, voire sur leurs propres pensées. Les comportements humains n'étaient auparavant soumis à aucun contrôle ; les seules restrictions étaient issues d'entités supérieures. Les contrôles ne venaient donc pas de l'individu lui-même. Aujourd'hui en revanche, l'individu doit toujours se maîtriser dans ses actes et ses pensées.

La civilisation a fait évoluer les moeurs et les valeurs des sociétés. Elle a conduit à accroître l'importance de l'image individuelle et de la représentation de soi. Pour démontrer cela, N. Elias prend l'exemple de la société de la Renaissance, qu'il nomme « société de cour » ; elle repose sur l'apparence. Les hommes cherchent alors à paraître civilisés et refusent l'infériorité. Cette façon de penser induit les supérieurs à imposer indirectement des valeurs et des morales à respecter.

Elias a cherché à démontrer la généralisation des mécanismes d'intériorisation ou d'extériorisation, comparables au mécanisme de civilisation. Il l'a ainsi par exemple montré dans le sport.

Notion de configuration

Pour Elias, les relations sociales sont un grand jeu fait d'interdépendances.

Ce concept d'interdépendance peut s'appliquer à toute forme d'organisation, petite ou grande. C'est une dépendance réciproque est dynamique qui repose sur des relations évolutives. Mais la maîtrise de ces relations par les individus n'est que relative puisqu'ils ne sont responsables que de la relation qu'ils ont à l'origine instaurée ; ainsi les réseaux se complexifient à mesure que l'organisation s'agrandit. Les actions des joueurs ne sont pas figées, elles évoluent sans cesse, en fonction du jeu lui-même. Ainsi, les pouvoirs sont mouvants et sans cesse redéfinis.

Les évolutions sont également fonction du contexte. Il est donc nécessaire de considérer l'individu dans son contexte car l'environnement résulte des actions individuelles qui s'y sont produites. Autrement dit, l'individu ne peut vivre sans la société et la société ne peut vivre sans l'individu ; il y a nécessairement une relation d'interdépendance entre les deux.

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