Influence minoritaire

Certaines études on constaté qu’une minorité pouvait avoir une l’influence durable sur la perception d’individus, ce, en dehors de toute relation de pouvoir. En effet, c’est bien le style de comportement de la source d’influence qui va être déterminante.

L'impact social

Les normes d'un groupe ne sont pas nécessairement rigides. Elles peuvent tolérer certains assouplissements. Forts de ce constat, les individus déviants peuvent en profiter pour conduire les membres du groupe à infléchir leur position dans le sens souhaité.

L'infléchissement des positions personnelles est favorisé par l'existence préalable, au sein du groupe, d'une grande variété d'opinions. Ainsi, les déviants peuvent être récupérés par certaines influences sans que cela ne modifie le groupe. En petits groupe donc, puisqu'il y a moins de variété d'opinion, alors le déviant a davantage d'influence sur le comportement des autres membres.

En outre, le déviant peut acquérir de l'influence si, par son statut social ou sa faculté à procurer du plaisir aux autres, sa reconnaissance s'accroît. Mais l'influence s'exerce déjà simplement par l'expression claire d'une opinion contraire : lorsque les membres du groupe trouvent chez le déviant un appui dans leur point de vue, ils vont plus facilement résister à la pression et s'écarter de la norme.

Le "style comportemental" de la source

Si l'expérience de Asch révèle que c'est par la pression exercée par la majorité que règne le contrôle social par la conformité, cela dépend aussi de la source d'influence elle-même (Faucheux et Moscovici, 1967). C'est en effet en fonction de son comportement que l'influence va s'exercer.

Chaque individu partage son point de vue avec les autres et le défendant. Ce faisant, il est source d'influence autant qu'il est récepteur dans d'autres situations ; chacun est donc à son tour influencé et influenceur. Il peut donc influencer l'autre et l'amener à changer son opinion.

Dans une expérience (Moscovici, Lage et Naffrechoux, 1969), on fait participer 4 sujets naïfs et 2 compères (qui jouent la minorité) à une étude de perception des couleurs. Les résultats montrent que tout le monde voit correctement les couleurs. Puis, on leur présente des images de variantes de bleu et chaque participant doit en indiquer la couleur. Lorsque les deux compères affirment avec consistance qu'ils voient du vert, ils influencent les 4 sujets. Mais s'ils se montrent inconsistants (ils répondent vert deux fois sur trois), alors l'influence est très réduite.

Lorsque l'individu est consistant dans l'expression de son point de vue, il exerce une réelle influence sur autrui, sur ses croyances. S'il répète systématiquement sa position à travers le temps (consistance diachronique ou interne), le récepteur constate qu'il maintient activement son opinion en dépit des pressions sociales. Aussi, s'il est accompagné d'autres personnes déviantes, toutes doivent se montrer aussi consistantes (consistance sociale) et afficher une unanimité en adoptant une attitude cohérente, dénuée de contradiction, déterminée et autonome. Dans toute situation et à travers le temps, elles doivent avoir un même comportement cohérent (cohérence des paroles et des actes) afin d'être crédibles. Les minoritaires doivent en outre avoir une bonne confiance en soi. Is ne doivent toutefois pas se montrer dogmatiques ou rigides.

Ces facteurs peuvent aussi bien conduire à une conformation aux normes qu'à la redéfinition des normes. En effet, certains sujets "majoritaires" pourront adopter le point de vue des déviants minoritaires. En effet, la source semblant convaincue de sa position, le sujet se laisse plus facilement influencer. Il n’est donc pas nécessaire que la source ait un pouvoir ou un statut supérieur au sujet pour exercer une influence sur lui. En effet, celui qui persuade doit paraître expert : c'est l'apparence qui joue davantage que la réalité de la compétence.

Toutefois, si la minorité peut faire changer de comportement la majorité, elle peut aussi provoquer une répulsion lorsqu'elle adopte une position extrême (Paicheler, 1976, 1977). En outre, si cette position s'oppose très fortement à l'opinion majoritaire, alors cela crée des dissensions dans le groupe, rendant impossible tout consensus.

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