Mise à jour : October 2024

Etats-Unis

Les Etats-Unis représentent une union de cinquante Etats, issus d’un territoire longtemps occupé par les peuples amérindiens avant d’être secoué par la Guerre de Sécession. En un peu plus de deux siècles, ils ont acquis le statut de première puissance économique mondiale, ce qui leur a permis d’exercer une influence politique, économique et sociale considérable sur le monde durant des décennies. Aujourd’hui, ce statut d’hyperpuissance est quelque peu écorné dans un monde qui tend à être de plus en plus dominé par la puissance économique chinoise.

Bref historique

La puissance américaine s’est d’abord fondée sur une forte immigration venue d’Europe occidentale. L’attribution gratuite de terres cultivables à certains migrants et l’apport de capitaux par d’autres migrants ont accéléré le développement économique des Etats-Unis (création de banques, etc.).

Mais la montée en puissance des Etats-Unis n’a réellement lieu qu’après les deux guerres mondiales. En devenant créanciers des Etats européens (envoi d’armes, souscription de prêts colossaux), les Etats-Unis ont en effet accru leur influence sur le Vieux Continent. La dépendance européenne s’est également renforcée grâce au plan Marshall. Puis, forts de leur victoire et peu touchés par la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis se sont imposés durant la guerre froide face à l’Union soviétique. Cet affrontement prendra la forme d’une lutte technologique et idéologique : course aux armements, développement de l’informatique, de l’aérospatial, etc. En 1989, la fin de la guerre froide et la chute de l’Union soviétique permettront aux Etats-Unis de devenir la première puissance économique mondiale et de profiter d’un monde de devenu unipolaire.

Le pays va en effet encore accroître son influence sur le monde, usant notamment de smart power, doctrine d’action permettant d’allier incitations, essentiellement économiques, dissuasion et usage ponctuel de la force.

Le cinéma constitue un moyen du soft power américain, grâce aux liens entre Hollywood et le gouvernement. De plus, le cinéma hollywoodien détenant entre 60 et 75% des parts du marché international, les films permettent de fédérer les individus autour de valeurs communes, qui conduisent à les rendre universelles.

La promotion de la sécurité du pays s’est forgée autour du concept de « Nation Building », qui a conduit à imposer le modèle américain à différentes nations en y envoyant l’armée au risque de balayer les traditions locales. Cela a échoué à de multiples reprises, et notamment au Vietnam ou en Afghanistan, un pays culturellement complexe.

Economie

Sur les 50 premières multinationales du monde, une trentaine sont américaines. De plus, le poids économique des Etats-Unis leur a permis de peser dans les grandes institutions internationales et d’y imposer leur modèle (ONU, FMI, Banque mondiale, OTAN). Mais ces dernières décennies, les Etats-Unis ont été fragilisés par la montée en puissance des économies émergentes et la crise économique déclenchée en 2008. Cependant, l’économie du pays de l’oncle Sam repartait quelques années plus tard, annonçant alors dix années de croissance économique ininterrompue. L’économie américaine est cependant minée par une balance commerciale déficitaire depuis 40 ans. En outre, l’économie des Etats-Unis est devenue très dépendante de puissances étrangères, les Américains ayant emprunté à l’étranger pour maintenir la valeur du dollar: au Japon, mais surtout à la Chine. Cette nouvelle dépendance à l’égard de son rival révélait le relatif affaiblissement de l’empire américain, qui réagissait notamment en misant sur un renforcement du nationalisme économique. Ainsi, pourtant longtemps promoteurs du libre-échange, les Etats-Unis tendaient à inscrire leur politique protectionniste dans une stratégie de long terme.

Politique intérieure

La vie politique américaine, marquée par le bipartisme, est rythmée par les combats réguliers entre Démocrates et Républicains. Elles ont conduit à une polarisation exacerbée qui révèle une forte fragmentation de la société américaine et les troubles que rencontre la démocratie.

La société américaine est marquée par de fortes inégalités de revenus, supérieure à celle d’autres pays riches. Le taux de pauvreté a en effet fortement augmenté ces dernières années et l’on a constaté l’expansion du travail des enfants, en raison de l’inflation et de l’arrivée massive de jeunes migrants latino-américains. Ainsi, les disparités raciales perdurent (ex: les décès par surdose des Noirs dépassent ceux des Blancs, tout comme le taux de pauvreté ou le taux d’incarcération).

Politique étrangère

Bref historique

Dès leur origine, les Etats-Unis se sont perçus comme un empire (George Washington parlait de « mini empire », ce qu’approuvait Benjamin Franklin). Ainsi, la doctrine de Monroe de 1823 renforçait cette vision de la nation refusant toute ingérence des puissances européennes dans les affaires américaines (« l’Amérique aux Américains ») avant de se transformer en une forme d’impérialisme. Il s’agissait en effet peu à peu de défendre les intérêts nord-américains sur l’ensemble du continent.

Alors que les colons américains se borneront initialement à appliquer la doctrine Monroe, le 19e sera caractérisé par « l’isolationnisme », et donc la constitution d’un pré carré américain. Après avoir émergé en tant que puissance sur son continent, la sécurisation des voies de communication maritimes mondiales deviendra nécessaire et fera des Etats-Unis la première marine mondiale du 20e siècle (selon la formule de sir Walter Raleigh: «qui contrôle le commerce mondial contrôle les richesses du monde et par conséquent le monde lui-même. »). Cette évolution sera sous-tendue par la doctrine américaine de la « destinée manifeste », qui apparaîtra dans les années 1840 en référence à une « mission divine » de la nation américaine: dans une forme de messianisme, les Etats-Unis entendaient alors diffuser leur civilisation et leur modèle démocratique à travers le monde. Cette doctrine sera reprise par les néoconservateurs américains au début des années 2000, lors des interventions militaires au Moyen-Orient. Mais en essayant de transformer à leur image les pays qu’ils entendaient remettre dans le droit chemin, ces nombreuses interventions ont fini par se heurter à la réalité, et notamment aux incompatibilités entre les particularismes étatiques et le modèle américain.

L’impérialisme américain a pris des formes multiples, se focalisant sur la promotion d’un «monde juste et démocratique», fondé sur la protection des droits de l’Homme et la diffusion de la démocratie dans le monde. C’est en affichant une telle intention que les Etats-Unis sont entrés en conflit, dès 1848 au Mexique, puis en 1853 au Japon, et plus tard au Vietnam, à Cuba ou encore aux Philippines (colonisation qui débute par sa «libération»).

Puis, la domination des Etats-Unis prendra un nouveau tournant après la Seconde Guerre mondiale, leur politique devenant hégémonique. S’érigeant en « leaders du monde libre » durant la guerre froide, les Etats-Unis œuvraient dans le droit fil de leur vision hégémonique du monde, le pays se considérant comme une force du bien destinée à assumer le leadership mondial.

La fin de la Guerre froide fera ensuite du pays l’unique superpuissance du monde. La doctrine Wolfowitz formulait l’objectif américain de conserver ce statut, et donc d’empêcher l’émergence d’un nouveau rival ; le monde devait rester unipolaire (c’est la fin de l’Histoire de Francis Fukuyama). Pour y parvenir, les Etats-Unis bénéficiaient de leur statut d’ «hyperpuissance» (Hubert Védrine) au lendemain de la dissolution de l’Union soviétique. L’impérialisme moderne s’est alors notamment traduit par l’installation de bases dans différents endroits du monde, au sein de pays qui demeurent formellement indépendants et souverains, et par la diffusion massive de l’hypercapitalisme américain. Il ne s’agit donc pas d’un impérialisme territorial, l’objectif de la politique étrangère américaine étant la constitution d’un environnement favorable aux États-Unis. Par ailleurs, la puissance militaire américaine s’est imposée dans de nombreux conflits depuis la guerre froide (Vietnam, Corée, Irak, Afghanistan...).

Au début des années 2000, c’est dans une «guerre contre le terrorisme» que les Etats-Unis s’engagent en intervenant en Afghanistan et en Irak, où ils disent vouloir détruire des armes de destruction massive, qui s’avèreront inexistantes. Mais au 21e siècle, des puissances vont émerger à la faveur d’une forte croissance économique. Confrontés aux BRICS, les Etats-Unis seront contraints de faire évoluer leur politique étrangère, s’orientant davantage vers la limitation de la montée en puissance de la Russie et de la Chine, deux concurrents qui défient particulièrement son hégémonie.

En sus des concurrents russes et chinois, le géant américain est confronté à l’émergence de nombreux acteurs «secondaires» (Turquie, Inde, Arabie saoudite, Émirats, etc.) dont l’indépendance stratégique croissante et les liens avec l’ennemi russe le contraignent à adopter une position plus pragmatique. Et pour cause, les positions anti-occidentales et anti-américaines se multiplient (ex: contournement des sanctions occidentales de la Russie par la Chine, refus de s’aligner à la politique américaine lors de la guerre en Ukraine, décision de l’OPEP de baisser la production de pétrole, etc.). De plus, la puissance de médiation américaine en Afrique a été fragilisée par la montée en puissance du poids diplomatique de la Chine et de la Russie.

Politique de désengagement

Les Etats-Unis décidaient, au 21e siècle, de se retirer des affaires du monde, et donc de se désengager de certains théâtres d’opérations militaires. Ils estimaient en effet que leur engagement actif à l’étranger ne devrait plus avoir pour objectif que de servir leurs intérêts directs. Ils misaient donc davantage sur une doctrine d’engagement limité en réduisant leur présence militaire au profit d’une implication diplomatique dans les zones instables.

Cette politique de recul progressif des opérations extérieures débutée sous la présidence Obama est le fruit de la succession d’échecs militaires américains au 20e siècle, notamment au Vietnam, et au début du 21e siècle au Moyen-Orient. Les conséquences désastreuses de ces interventions militaires ont en effet miné les pays concernés (ex: instabilité persistante, insécurité) mais aussi suscité la colère d’une partie de la population américaine. Aussi, et au-delà des victimes militaires, la “guerre contre le terrorisme” a coûté plus cher qu’aucun autre conflit ayant impliqué les Etats-Unis (à l’exception de la Seconde Guerre mondiale). De plus, cette guerre n’a pas permis à Washington de refaçonner le paysage régional selon ses intérêts. De la même façon, la politique menée contre l’Iran s’est avérée inefficace voire contre-productive: Téhéran a poursuivi le développement de son potentiel militaire et balistique et accru son influence régionale. En Irak, les Etats-Unis ne sont pas parvenus à mettre en place le système démocratique qu’ils souhaitaient et ont plongé l’État irakien dans le chaos.

Cette décision était également motivée par leur volonté de s’orienter vers l’Asie (“pivot asiatique” amorcé depuis 2008) avant que ne débute un redéploiement vers l’Europe. Cette orientation vers le Pacifique s’expliquait par la rivalité croissante avec la Chine, son principal rival commercial et militaire. L’objectif était d’endiguer cette puissance en soutenant la sécurité et la défense du Japon, de Taïwan, de la Corée du Sud, mais aussi en instaurant le dialogue stratégique et diplomatique avec l’Inde et certains pays d’Asie du Sud-Est.

Refusant désormais leur traditionnel rôle de «gendarme du monde», les Etats-Unis se retiraient ainsi de Syrie et d’Afghanistan, mettaient fin à leur participation dans la guerre au Yémen et entendaient réduire leur présence militaire en Irak.

Washington misait davantage sur des opérations coups de poing clandestines (ex: dans le cadre de ses interventions en Irak, en Syrie ou en Somalie), que sur ses troupes régulières. L’objectif était de viser la formation de combattants sur place (ex : conseils à l’armée somalienne) et de conclure des alliances avec les dirigeants des territoires concernés, déployant ainsi une stratégie militaire moins coûteuse.

Une présence militaire toujours active

La politique de désengagement n’a pas conduit à un effacement de l’influence américaine dans les régions stratégiques. En effet, les Etats-Unis ont continué à exercer une réelle influence au Moyen-Orient comme en Afrique, par exemple en créant une coalition en 2014 pour lutter contre l’Etat islamique dans le monde arabe, et notamment en Syrie et en Libye. Le pays a ainsi continué à mener des opérations «antiterroristes» dans plus de 80 pays du monde.

Aussi, la politique de désengagement n’empêche pas les Etats-Unis d’agir par l’intermédiaire de l’OTAN ni de s’engager d’une autre manière dans les conflits ; le pays de l’oncle Sam s’est ainsi engagé dans la défense de l’Ukraine en lui apportant une aide militaire massive (livraisons d’armement, partage de renseignements, importantes aides financières, etc.), tout comme il l’a fait pour Israël durant sa guerre à Gaza à partir de 2023.

De plus, l’Amérique du Nord dispose de centaines de bases militaires dans le monde, et notamment au Japon depuis la Seconde Guerre mondiale. Ces bases, désormais plus petites et plus discrètes, et longtemps essentiellement localisées en Europe pour lutter contre l’ennemi soviétique, se concentrent désormais surtout en Asie.

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