Bref historique
La Chine s’est considérablement développée pendant la longue
dynastie Qing, sous l’influence des Mandchous. Puis, à la fin du
19e siècle, le déclin de la dynastie Qing a affaibli la Chine et
provoqué une insurrection paysanne. Et en 1911, la République était
instaurée, puis le parti nationaliste Guomindang rétablissait
l’unité du pays, un temps compromis. Pendant ce temps, le Parti
communiste s’est développé et a accru son influence.
Cependant, le Parti communiste sera longtemps considéré comme
une menace pour le pouvoir en place, qui écarte le parti de la
scène politique dans les années 1920-1930.
Au début des années 1930, les troupes du Guomindang finissent
par encercler les membres du parti, obligeant les communistes à se
retirer dans les montagnes de l’ouest. Commence alors la Longue
marche, qui a amené les membres du parti à effectuer plus de 10 000
km.
Puis, après une brève accalmie durant la Sec- onde Guerre
mondiale, les nationalistes de Tchang Kaï-chek vont être soutenus
par les Américains et lutter de nouveau ; mais, lassés de voir les
armes qu’ils fournissent aux nationalistes revenir aux mains des
communistes par le biais d’officiers nationalistes corrompus, les
Américains cessent de les soutenir. Les communistes parviennent
alors à se hisser au pouvoir: la République populaire de Chine voit
ainsi le jour en 1949.
La prise de pouvoir par les communistes va totalement modifier
les déterminants économiques du pays : collectivisation des terres
agricoles et nationalisation des industries deviennent la règle.
Mais ces mesures n’ont pas d’effet positif sur le niveau de vie de
la population, et en 1958, face à la détérioration de la situation,
Mao Zedong lance le « Grand Bond en avant » pour sortir de
l’impasse. Les coopératives paysannes sont alors regroupées en «
communes populaires » et les paysans doivent s’orienter vers de
grands travaux industriels, qui conduisent le pays à délaisser
l’agriculture. Les récoltes diminuant, la Chine finira par sombrer
dans une grave famine, qui fera des millions de victimes.
En 1966, pour raviver l’esprit révolutionnaire, Mao Zedong
inaugure la « Révolution culturelle ». Les intellectuels, jugés
trop éloignés du peuple, sont alors pourchassés par le pouvoir, et
écoles comme universités sont fermées (ce qui durera dix ans).
Cependant, les successeurs de Mao transformeront la Chine en
supprimant les « communes populaires », mais aussi en se tournant
progressivement vers l’économie de marché et en s’ouvrant aux
capitaux étrangers (création de zones économiques spéciales).
Moteur de ce change- ment, Deng Xiaoping a impulsé les « Quatre
Modernisations » en 1978 en instaurant de nouvelles mesures
d’ouverture (ex: abolition de la collectivisation de
l’agriculture).
Ainsi, la Chine a connu un développement économique
spectaculaire (croissance du PIB d’environ 10% par an durant une
trentaine d’an- nées) grâce à une main d’œuvre bon marché, habile,
et peu contestataire, mais aussi grâce à une industrialisation
massive.
Bien que longtemps considérée comme l’ «usine du monde», et donc
comme un simple sous- traitant des pays occidentaux, la Chine a
pourtant réussi à devenir une grande puissance économique qui a
fait émerger une classe moyenne, dont l’accroissement des besoins a
conduit le pays à s’engager dans des projets d’exploitation de
matières premières. Les classes moyennes se sont enrichies dans les
centres villes en raison d’une urbanisation massive. Une classe
sociale très riche s’est ain- si constituée, contrastant avec la
pauvreté des campagnes, qui souffrent du chômage. Et pour cause,
l’inégalité de la distribution des revenus a augmenté de 70 % entre
1985 et 2007.
Ainsi, l’Empire du Milieu a vu son économie se transformer :
montée en gamme de la production chinoise après un fort
développement économique fondé sur la conception de produits bon
marché, augmentation des salaires (qui sou- tient l’accroissement
de la demande intérieure), amélioration du niveau de vie,
orientation vers la consommation intérieure et les services,
etc.
Signe de son ouverture économique, la Chine était entrée à
l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Malgré cela, le
rôle de l’Etat reste primordial dans le modèle chinois d’économie
de marché socialiste.
Politique intérieure
La politique intérieure chinoise reste marquée par la puissance
du Parti communiste, qui dirige le pays depuis des décennies et
dont la discipline intérieure s’est vue renforcée. La modification
de la Constitution a également contribué à renforcer le pouvoir du
Parti en levant la limite du nombre de mandats présidentiels et en
donnant au président un «rôle dirigeant» du Parti communiste
chinois.
Pourtant, la Chine est un immense territoire (9,5 millions de
km2) et compte plus d’un milliard d’habitants issus de différents
groupes culturels, des différences à l’origine de tensions.
Les Hans, qui représentent 90% de la population chinoise,
forment le groupe culturel le plus important du pays, tandis que
les autres eth- nies sont dispersées dans des régions arides ou
regroupées en oasis (Tibétains au Sud-Ouest, Mongols au Nord et
Ouïgours à l’Ouest). Aussi, la population chinoise a émigré dans
les pays de l’Asie du Sud-Est, formant une diaspora de 20 millions
de personnes.
Malgré l’immensité de la Chine, le pays a mis en place un vaste
système de surveillance généralisée sur sa population, par le biais
de l’Internet (stockage de toutes les données, approbation
gouvernementale de certains sites d’information) et de la
reconnaissance faciale (Skynet); celle-ci a vocation à traquer
dissidents ou délinquants, mais opère également dans les lieux
intimes (ex: toilettes publics). Aussi, les Organisations non
gouvernementales (ONG) étrangères et les ONG chinoises recevant des
fonds internationaux font l’objet d’un contrôle renforcé.
Ce contrôle massif de la population chinoise a conduit à une
gestion rigoureuse de la crise sa- nitaire en 2020, le pays ayant
notamment opté pour la mise en œuvre d’un confinement très
strict.
Mais la traque des dissidents s’est aussi appuyée sur la grande
lutte contre la corruption me- née par le président Xi Jinping lors
de son ac- cession à la tête du Parti communiste chinois fin 2012.
Cette lutte lui avait permis d’écarter les personnes soupçonnées de
remettre en cause l’autorité du Parti.
La Chine tente également de conserver un relatif pouvoir sur
Hongkong, qui en vertu de la Basic Law dispose de libertés
similaires à celles des démocraties occidentales. Depuis l’arrivée
au pouvoir de Xi Jinping, Hong-kong est mise sous pression par la
Chine, ce qui a provoqué d’importantes manifestations en faveur de
la démocratie (mouvement “Occupy Central”) à partir de 2014.
Les dissensions n’ont cessé de grandir à mesure que la Chine
renforçait son pouvoir sur ce territoire. Les Hongkongais
dénonçaient donc l’arrivée de mesures non démocratiques au sein de
leur giron (ex: volonté de la Chine en 2015 de sélectionner les
candidats susceptibles d’être élus au suffrage universel). De leur
côté, les dirigeants chinois accusaient les manifestants
hongkongais d’être largement influencés par Washington dans leur
démarche, dénonçant notamment la mainmise du National Endowment for
Democracy; il s’agit en effet d’une fondation destinée à la
diffusion de la démocratie financée par les Etats-Unis. C’est donc
dans ce droit fil qu’une figure de la lutte pour la démocratie
(Jimmy Lai) se voyait inculpé en 2020 en vertu de la loi sur la
sécurité nationale pour «collusion avec des puissances étrangères».
Mais d’autres motifs ont justifié nombre de poursuites contre les
dissidents de l’ex-colonie britannique.
Les ethnies minoritaires continuent elles aussi à subir la
sévère politique intérieure chinoise, qui les contraint à accepter
une politique foncière favorable aux Hans, l’ethnie chinoise
majoritaire. Début 2015, les Mongols, contraints à l’exode rural,
s’indignaient ainsi contre la destruction de leur culture locale.
Mais c’est avec les Ouïgours que les relations avec le pouvoir
chinois sont les plus difficiles car cette ethnie se heurte à la
politique d’extension territoriale menée par l’eth- nie Han dans la
région du Xinjiang. C’est dans ce contexte qu’en 2014 et suite à
des attaques terroristes ouigours, d’importantes mesures de
surveillance ont été mises en place dans la région (ex: repérage
des comportements suspects des musulmans par un logiciel). Témoins
de cette situation, l’Occident a accusé à plusieurs reprises la
Chine de répression contre la popu- lation ouïghoure, affirmant que
les musulmans locaux étaient envoyés dans des camps de travail. En
réponse, Pékin déclarait avoir amélioré la situation dans la région
du Xinjiang et mettre en œuvre des normes internationales du
travail et des droits de l’homme. Son but affiché est en effet de
stabiliser la situation, par exemple en faisant suivre un programme
éducatif aux membres de ces minorités ethniques liés à des
organisations extrémistes (étude de la langue chinoise, des bases
de la législation chinoise).
Cette forte incitation à intégrer la société chinoise n’est pas
sans rappeler le cas du Tibet, un territoire que la Chine considère
comme faisant partie intégrante de son Empire depuis le 7e siècle.
Influencé par l’Inde (le bouddhisme s’y est largement répandu à
partir du 8e siècle), le Tibet a été annexé par l’armée chinoise en
1949, lorsque Mao Tsé Toung est arrivé au pouvoir. Mais un
mouvement de résistance s’est progressivement mis en place, avant
de se renforcer lors de la révolution culturelle, qui interdira
toute activité religieuse et détruira des milliers de temples.
C’est ainsi que le peuple tibétain finit par se soulever, et en
1959, le Dalaï Lama quitte le Tibet pour l’Inde suite à une révolte
populaire sévèrement réprimée. Il instaure alors un gouvernement
tibétain et sera soutenu dans son opposition à la Chine par nombre
de pays occidentaux; il obtiendra le prix Nobel de la paix en
1989.
Politique extérieure
L’image de la Chine est depuis des années ternies par un défaut de
confiance, le pays étant régulièrement accusé de manque de
transparence. Cela a par exemple été le cas en 2020, lorsque les
Chinois ont été critiqués pour leur gestion de la pandémie,
l’ampleur de la crise ayant été camouflée durant des semaines.
L’Empire du milieu tend donc à améliorer son image internationale,
notamment à travers ses engagements sur la question climatique.
Elle acquiert ainsi progressivement une image favorable en
Occident.
Les moyens d’influence
La Chine renforce progressivement son in- fluence mondiale par
divers moyens: modernisation de son armée, et notamment de son
arsenal nucléaire, croissance du budget de la défense, rattrapage
technologique, etc. Cela lui permet désormais largement de
rivaliser avec les Etats-Unis, eux-mêmes ainsi contraints de
poursuivre leur développement technologique.
Pékin s’est aussi lancé dans différents projets spatiaux (ex:
mise en orbite d’une station spatiale en 2022), alors que le pays
avait déjà envoyé un véhicule téléguidé appelé «Lapin de Jade» en
2013, révélant ainsi ses ambitions dans le domaine. Le pays a
également ramené des échantillons de roches lunaires; l’intérêt
chinois pour le satellite de la Terre s’expliquerait dans une
moindre mesure par la présence de terres rares sur le sol lunaire.
Cependant, la Chine est déjà la principale productrice de terres
rares et souhaite avant tout conquérir l’espace pour assurer son
autonomie, comme elle l’a fait en lançant son système de navigation
Beidou, une alternative au GPS américain.
Mais c’est également sur le terrain de la monnaie que Pékin
cherche à renforcer son influence internationale. La Chine conteste
en effet l’hégémonie du dollar, et souhaiterait faire du yuan la
monnaie de référence dans ses échanges commerciaux.
C’est aussi sur le terrain du climat que la Chine entend peser
sur la scène internationale, se plaçant en opposition par rapport à
son rival américain. L’Empire du Milieu, premier pollueur mondial,
a en effet cherché à devenir le leader de la lutte contre le
changement climatique en investissant massivement dans les énergies
vertes et en réduisant les émissions de dioxyde de carbone. Le pays
a également souhaité être moteur dans les engagements multilatéraux
sur le climat, affichant par exemple en 2020 un objectif de
neutralité carbone à l’horizon 2060.
La politique d’influence chinoise repose également sur le
déploiement de politiques d’internationalisation des entreprises
nationales.
Une politique internationale active
Absente de la scène mondiale depuis le 18e siècle, la Chine
s’est aujourd’hui ouverte au monde et cherche désormais à
promouvoir ses intérêts nationaux.
Le pays a ainsi rompu avec sa traditionnelle approche dite «
profil bas » de la politique étrangère lancée par Deng Xioaping. En
effet, depuis 2012, Pékin affiche son intention de défendre ses
intérêts en bouleversant l’ordre mondial.
C’est dans ce contexte que la Chine a créé la Banque asiatique
d’investissement pour les infrastructures (BAII), afin de
concurrencer le FMI et la Banque mondiale, mais aussi de contrer
l’emprise américaine sur la Banque asiatique de développement.
C’est dans un but similaire que naissait le Partenariat régional
économique global (RCEP en anglais) qui faisait naître la plus
vaste zone de libre-échange au monde.
Surtout, la Chine s’appuie sur son projet «Une ceinture, Une
route», qui doit ressusciter la Route de la soie, utilisée pour
transporter des produits vers l’Europe il y a 2000 ans. Ce projet
doit permettre à la Chine de peser davantage dans le commerce
international afin de s’imposer comme la première puissance
mondiale.
En lançant ce projet, le pays s’affirmait comme une puissance
régionale dominante et réduisant de fait le poids du Japon et des
Etats-Unis dans la région. Mais ce projet, bien que largement
centré sur la région asiatique (Pakistan, Laos, Birmanie, etc.),
s’appuie aussi sur des partenaires européens de plus en plus
nombreux (Portugal, Croatie, etc.); des multinationales chinoises
se sont par exemple emparées du port du Pirée en Grèce ainsi que de
terminaux portuaires à Bilbao, en Espagne. Ainsi, la Chine continue
à avancer ses pions au travers de nombreux projets dans différentes
régions du monde.
La Chine est ainsi devenue le principal investisseur dans le
monde, notamment en poursuivant son expansion sur le continent
africain. Le pays est ainsi devenu un grand pourvoyeur
d’infrastructures en Afrique, en investissant par exemple dans le
secteur du transport et de l’énergie. Dès 2009, la Chine était
devenue le principal partenaire commercial du continent
africain.